Regarder des films en Afriques

PRÉSENTATION


Le cinéma en Afriques se trouve devant une situation inédite. La disparition des salles de cinéma sur ce continent coïncide avec une production de films accrue, y compris de ces pays, et une diffusion considérablement développée pour une grande partie des populations urbaines. Mais où et comment sont-ils vus ? De quels films s'agit-il ? Sommes-nous toujours dans le cinéma ?
Un ensemble de travaux tente de répondre à ces questions, posant un jalon dans une réflexion sur les rapports que des publics entretiennent aujourd’hui avec des films en Afriques. Ces recherches rendent compte de la façon dont les mutations technologiques affectent le rapport aux films dans des régions caractérisées jusqu’à très récemment par la rareté dans des économies du cinéma et de l’audiovisuel largement dominées par les pays occidentaux. Sont livrés également les premiers résultats d’une enquête comparative inédite menée en Tunisie, au Togo et au Tchad sur la façon dont les spectateurs voient aujourd’hui des films.

SOMMAIRE

 Nour-Eddine Sail – Avant-propos. Vive le foot !
 Patricia Caillé – Introduction. Regarder des films en Afriques ou comment ajuster la focale


Première partie – Concevoir les publics à partir de l'histoire

Odile Goerg – « Les nègres, ils t'emmerdent ! ». Rires, applaudissements et protestations : les formes de visibilité de publics africains en Afrique coloniale
  Nolwenn Mingant – Un public aux mille visages : Identifier l’expérience des spectateurs du cinéma américain dans le Maghreb de l’ère coloniale
 Karine Blanchon – Écrans noirs sur l’Île Rouge. Voir le cinéma à Madagascar, hier et aujourd’hui
 Vincent Bouchard – Appropriation de l’œuvre audiovisuelle par le spectateur : le cas du film commenté au Sénégal et au Burkina Faso
 François Fronty – Le spectateur de cinéma en Afrique aujourd’huiDeuxième partie – Les pratiques spectatorielles contemporaines

 Patricia Caillé – Pratiques de films, représentations et cultures de cinéma en Tunisie. Que nous raconte l’enquête ?
 Claude Forest – Les pratiques cinématographiques au Togo
 Patrick Ndiltah – Les pratiques spectatorielles au Tchad
 Justin Ouoro – Acteurs et public du cinéma au Burkina Faso : une nouvelle dynamique de la pratique cinématographiqueTroisième partie – Reconcevoir les publics à partir de l’accès aux films

 Michel Serceau – L’offre de films dans les salles du Maroc, de 2006 à 2015, et leur réception

 Lamia Belkaied-Guiga – Le film en DVD-clubs dans le Grand Tunis. Profils des vendeurs et pratiques des publics

 Alessandro Jedlowski – Les transformations de la circulation de films vidéos nigérians en Côte d’Ivoire : du commerce informel aux grandes sociétés internationales

 Honoré Fouhba – Les vidéo-clubs au Nord-Cameroun : une nouvelle forme de salle de cinéma interdite mais fréquentée

 Ati Komi – Pour une extension des projections itinérantes vers les établissements scolaires du Togo

 Claude Forest et Juliette Akouvi Founou – La réception des films en milieu rural au Togo (2012-2015)

 Karine Prévoteau – Œuvres audiovisuelles africaines, marchés et publics. Étapes cinématographiques, télévisuelles et numériques : les constantes

 

Par Patricia Caillé, Claude Forest (éds)

Presses universitaires du Septentrion, 2017, 352 pages

http://www.septentrion.com/fr/livre/?GCOI=27574100449100

 

 

Afrique, je te plumerai...

- Acquarello, in: http://filmref.com/notes/archives/2005/08/africa_i_will_fleece_you_1993...., 5 août 2005, page consultée le 29 juillet 2012.

As a young boy growing up in the newly independent nation of Cameroon, Jean-Marie Téno's grandfather would tell him a great many tales to fuel his fertile imagination, among them, the story of a land inhabited by larks that, on one auspicious day, was stumbled upon by a group of hunters. Realizing the abundance of the land, the hunters decided to settle, enslaving the larks for their own personal gain before installing a chief to rule over them after their departure. However, the chief, as it turned out, was not actually a lark but was instead a hunter-sorcerer who, fearing his own mortality, slipped into the body of a newborn lark, creating a strange, new breed of larks that no longer had a sense of duty to its brethren nor respect for its fragile habitat. It is this national allegory of exploited and corrupted, "false" larks within the native, ancestral land of larks that Téno alludes to in the title of his film Africa, I Will Fleece You (Afrique, je te plumerai), a play on the children's song Alouette (lark). Ostensibly presented as a thoughtful, stream-of-consciousness personal essay on the filmmaker's beloved, academian city of Yaounde, the film evolves into a broader political and cultural commentary on the state (and perpetuated social ills) of post-independence Cameroon as the first post-colonial president, French ally, and self-anointed "Father of the Nation", Ahmadou Ahidjo consolidated political power under a single party rule that inevitably set the repressive authoritarian framework for the heavy handed government (and wide-scale corruption and political suppression) of his successor, Paul Biya. Recounting his childhood memories of being encouraged to study and to work hard in order to be "as the whites", Téno examines this culturally ingrained sentiment that has contributed to his country's inability to exorcise itself from the specter of colonialism that has kept the nation impoverished and disenfranchised, creating an inextricable cycle of Western dependency that prompts an observer to insightfully comment, "the principal victory of colonization was also to have perpetuated a real cultural genocide." In an incisive illustration of the country's systematic cultural genocide, Téno enlists the aid of his friend Marie Claire Dati to visit the city's major libraries: a bibliothèque that specializes in French-pressed, European authored publications and only offers a handful of books by African writers or on continental history (a cultural marginalization that is also revealed in Marie Claire's surprise that the head librarian is actually an indigenous African rather than the more typical situation of a French curator); the British consulate library with a similar disproportionality of native books, the Goethe Institute that promotes German language studies. A trip to the international repository, CLE completes the cultural portrait of the state of contemporary literature in Cameroon - a library established by missionaries to promote (Western) Christian history and ideals - and establishes the implicit correlation between colonialism and missionary work towards the ingrained philosophy of erasing indigenous identity as a necessary step towards religious conversion (a theme further explored in Téno's subsequent exposition The Colonial Misunderstanding): a systematic process that can only be turned back by cultural awareness, mutual respect, and self-empowerment.

- Olivier Barlet, 1 novembre 2002, in: http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=2630, page consultée le 29 juillet 2012.

Réalisé il y a dix ans, cet amer réquisitoire n'a pas pris une ride. Bien sûr, l'Histoire reste ce qu'elle a été : centré sur le Cameroun, le film évoque la colonisation, le travail forcé, les tirailleurs et les désillusions de l'indépendance, cette "démocratie truquée" qu'évoquait Célestin Monga dans une lettre au président Paul Biya. Mais ce qui n'a pas vieilli, c'est le génocide culturel orchestré en Afrique et la dépendance vis-à-vis de l'étranger. Teno enquête dans les bibliothèques des centres culturels français à la recherche des auteurs africains, dénonce la dépendance du marché du livre, ballade sa caméra sur les "librairies par terre" pour y trouver comme dans sa jeunesse des bandes dessinées comme Akim, encore dévorées par des jeunes qui se forgent ainsi une bien triste image de soi. Le devoir de civiliser prôné par les colons s'adressait à des gens qui ne manquaient ni de créativité ni de culture ! L'alphabet bamoun en témoigne. Où était donc l'obscurantisme qui motive encore aujourd'hui un esprit missionnaire bien intentionné ?

Car c'est contre la persistance des représentations et des rapports coloniaux que s'érige ce film, et c'est malheureusement en cela qu'il a encore toute son actualité. Sa nécessité reste inchangée : opposer une réflexion critique aux préjugés qui fondent le racisme et la condescendance, contribuer à l'enseignement de l'Histoire par des images trop rares, participer au débat sur la multiculturalité dans la société française. "Yaoundé ville cruelle" : Teno commence son film par les luttes pour la démocratie et le termine, avant de laisser la place à l'humoriste politique Essindi Mindja, sur les portraits des militants politiques assassinés, rendant ainsi hommage à ceux qui ont donné leur vie pour la liberté. L'importance donnée au livre ne laisse planer aucun doute sur le message : l'éducation est en elle-même une résistance. Mais l'Histoire impose son amer constat : le choc est terriblement brutal. Les images d'archives évoquent la violence en jeu, et sa permanence, avant comme après l'indépendance, dans une évidente et accablante continuité. Porté comme dans tous ses documentaires par un commentaire qui se fait davantage méditation personnelle qu'illustration des images, Afrique je te plumerai reste un document essentiel mais aussi une vivifiante réflexion sur l'Histoire contemporaine.

Autres critiques

- Olivier Barlet, 1er novembre 2002, in : http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=2630, page consultée le 29 juillet 2012.

Réalisé il y a dix ans, cet amer réquisitoire n'a pas pris une ride. Bien sûr, l'Histoire reste ce qu'elle a été : centré sur le Cameroun, le film évoque la colonisation, le travail forcé, les tirailleurs et les désillusions de l'indépendance, cette "démocratie truquée" qu'évoquait Célestin Monga dans une lettre au président Paul Biya. Mais ce qui n'a pas vieilli, c'est le génocide culturel orchestré en Afrique et la dépendance vis-à-vis de l'étranger. Teno enquête dans les bibliothèques des centres culturels français à la recherche des auteurs africains, dénonce la dépendance du marché du livre, ballade sa caméra sur les "librairies par terre" pour y trouver comme dans sa jeunesse des bandes dessinées comme Akim, encore dévorées par des jeunes qui se forgent ainsi une bien triste image de soi. Le devoir de civiliser prôné par les colons s'adressait à des gens qui ne manquaient ni de créativité ni de culture ! L'alphabet bamoun en témoigne. Où était donc l'obscurantisme qui motive encore aujourd'hui un esprit missionnaire bien intentionné ? Car c'est contre la persistance des représentations et des rapports coloniaux que s'érige ce film, et c'est malheureusement en cela qu'il a encore toute son actualité. Sa nécessité reste inchangée : opposer une réflexion critique aux préjugés qui fondent le racisme et la condescendance, contribuer à l'enseignement de l'Histoire par des images trop rares, participer au débat sur la multiculturalité dans la société française.

"Yaoundé ville cruelle" : Teno commence son film par les luttes pour la démocratie et le termine, avant de laisser la place à l'humoriste politique Essindi Mindja, sur les portraits des militants politiques assassinés, rendant ainsi hommage à ceux qui ont donné leur vie pour la liberté. L'importance donnée au livre ne laisse planer aucun doute sur le message : l'éducation est en elle-même une résistance. Mais l'Histoire impose son amer constat : le choc est terriblement brutal. Les images d'archives évoquent la violence en jeu, et sa permanence, avant comme après l'indépendance, dans une évidente et accablante continuité.

Porté comme dans tous ses documentaires par un commentaire qui se fait davantage méditation personnelle qu'illustration des images, Afrique je te plumerai reste un document essentiel mais aussi une vivifiante réflexion sur l'Histoire contemporaine.

- Le documentaire en questions

Cinéma africain et diversité culturelle

Bulletin Africiné n°03 (FESPACO 2007), du Lundi 26 février 2007.

Après trois compétitions du film documentaire à Ouagadougou, le 20ème FESPACO sert de cadre à la définition du rôle et de la pertinence de ce genre cinématographique dans la formation de l'image et de l'imaginaire africains. Compte rendu d'une conférence-débat sur le sujet animée hier dimanche 25 février par des cinéastes et critiques.

"J'en ai marre qu'on me raconte ce que je suis, même si je concède aux autres le droit de me filmer comme ils l'entendent. Mais, il faut savoir que, quand on connaît l'autre, on le respecte mieux" : tel est le point de vue de la réalisatrice égyptienne Jihan El-Tahir sur la place du documentaire en Afrique et dans le monde.

"Cinéma africain et diversité culturelle : le cas du documentaire", ce thème de la conférence-débat animée, hier dimanche 25 février au Centre culturel Georges Méliès, par les cinéastes Jihan el-Tahir d'Égypte, Jean-Marie Téno du Cameroun, Samba Félix Ndiaye du Sénégal et Thierry Michel de Belgique ainsi que les critiques Olivier Barlet (France) et Clément Tapsoba (Burkina Faso), aura donc suscité de vifs échanges.

S'il est vrai que "le documentaire est un témoignage" comme l'a dit Clément Tapsoba, ce genre cinématographique devra, pour s'affirmer, être fondé sur "la trilogie des 3 C", selon Olivier Barlet qui estime que "seul le rapport intime entre Cinéastes-Critiques-Cinéphiles peut faire du documentaire un lieu de prise de conscience parce qu'axé sur le point de vue des personnes filmées et le lien qu'il établit entre les époques et donc la mesure des évolutions qu'il permet".

O. Barlet, s'appuyant sur l'œuvre de Jean-Marie Téno du Cameroun, a démontré en quoi l'élaboration du documentaire est laborieuse puisque celui-ci est "une pensée, une réflexion, un cri devant le scandale du monde en général, de l'Afrique en particulier", cri qui doit "permettre à l'homme de retrouver l'estime de soi, de démonter les hiérarchies et les mythes". D'où le souhait "que le documentaire trouve sa place dans les grands circuits de diffusion".

Pour une vraie programmation des documentaires au FESPACO

Pour Jean-Marie Téno du Cameroun, réalisateur de Afrique, je te plumerai !, "le documentaire est un point de vue, un regard qui peut enrichir le monde ; c'est la diversité des regards qui constituent la diversité culturelle". Or, estime-t-il, "on dirait que le documentaire fait peur aux gens alors que c'est un enjeu de liberté, de démocratie, que les NTIC permettent de tenir et qui doit trouver sa place grâce à une vraie grille de programmes au FESPACO et partout ailleurs".

Selon Thierry Michel, le réalisateur belge de Congo river, "le cinéma est là pour interroger le réel" mais doit se plier, ici comme ailleurs, aux lois du marché ; ainsi, la diffusion des documentaires par voie télévisuelle doit se substituer aux salles de cinéma qui ferment. Certes, reconnaît-il, "il y a des poches de résistance du documentaire comme le FESPACO mais c'est une lutte extrêmement dure qu'il faut mener pour imposer ce genre".

Le public, fort intéressé à ce propos, a réagi à souhait. Plusieurs contributions ou préoccupations ont ainsi été enregistrées : l'antériorité de la civilisation nègre et l'appartenance nègre de l'Égypte, le poids de l'esclavage et de la colonisation sur l'Afrique, les réactions identitaires qu'étaient les guerres et luttes de libération des Africains, l'origine et/ou le financement extérieurs des actuelles guerres civiles, la question de l'élaboration du documentaire comme icône ou comme idole, les rapports d'un public souvent analphabète aux films, le piratage des films, etc. Toutes choses qui ont fait dire à Clément Tapsoba que "l'identité renforce la diversité culturelle malgré certains diktats de la Banque Mondiale qui ont obligé l'Afrique à négliger la Culture".

Sani SOULÉ MANZO (Niger)

Article paru dans le Bulletin Africiné n° 03 (FESPACO 2007), du lundi 26 février 2007, p. 8.

Lien URL : http://www.africine.org/?menu=art&no=6456, page consultée le 29 juillet 2012.

Auteur(s): Recensions

Soumis par Caroline Messa Wambé le

Beti-beti. Badiaga

Art camerounais : Le cri de Dikongué Pipa

En regardant le film Badiaga de Jean-Pierre Dickongué Pipa sorti en 198[7], on ne peut qu’écraser davantage une larme pour la chanteuse Béti Béti. Artiste dont le talent est rehaussé dans cette production qui, au-delà de sa personne, sensibilise sur la lente mort qui guette tous ceux qui se déploient sur les sentiers de la culture au Cameroun.

Un pays pourtant serti de pépites que le monde nous envie et que nous persistons à broyer et à pousser à l’errance sur des théâtres mondiaux plus ouverts à eux. Au grand dam de tous ceux qui continuent de croire en eux et doivent guetter leurs prestations comme un affamé attend l’aumône alors même qu’il dispose d’un verger pouvant le nourrir ainsi que sa descendance sur plusieurs décennies. Ce sentiment, c’est le travail de M. Pipa et de son équipe qui nous le fait vivre. Ce n’est effet pas tant l’histoire de la petite Badiaga qui est originale. Ces histoires, on en compte de nombreuses dans les campagnes du Cameroun.

Détermination

Ce qui est frappant c’est le travail artistique de ce réalisateur qui a choisi le silence, la poids des traditions et l’art de bien utiliser la musique comme les balises d’une cinématographie dont la puissance est certaine tant elle soulève une émotion justifiée par le déroulé d’une intrigue savamment menée. On peut toujours pester sur la modicité des costumes et des décors, mais la qualité du son relève du haut niveau. Au cours d’une récente projection au Goethe Institut de Yaoundé dans le cadre du «Film Klub», le réalisateur a indiqué les souffrances qu’il a endurées dans la préparation et la matérialisation de ce projet. Projet qui a été l’objet du dédain des pouvoirs publics qui ne lui ont accordé aucun kopeck.

C’était sans compter avec la fougue et la détermination de son équipe qui s’était promise d’aller jusqu’au bout, fort sans doute de l’aura qu’avait eu le cinéaste avec une filmographie qui comprenait déjà «Muna Mouto ou l’enfant de l’autre» qui avait été récompensé au Fespaco par la plus grande distinction quelques années seulement auparavant.

En revoyant cette œuvre, l’on s’est rendu compte de la richesse de la culture camerounaise à travers des figures musicales (Roosevelt Eko, Emile Kangué, Pierre Tchana, John Sallé, Béti Béti), théâtrales (Kéki Manyo et AwoulaAwoula), de la radio (Daniel Zock Ambassa ou Jean-Claude Ottou) ou encore de la peinture (Jean-Marie Ahanda). Artistes dont les premiers bourreaux sont les producteurs qui n’en font qu’un essuie pied dans leur marche vers la fortune et la gloire. Dieu merci, Badiaga, l’héroïne ne meurt pas malgré ses tribulations et un environnement décidément austère. Un signe qui donne de l’espoir et qui plus que jamais invite à plus de respect et de considération pour un secteur aux fleurons certains et qui gagnerait être porté par une organisation professionnelle dans tous ses aspects. Le cinquantenaire ne constitue-t-il pas le moment idéal pour cogiter sur cette option ? A chacun de voir.

Parfait Tabapsi, 7 juillet 2012.

Lien URL : http://www.camerfeeling.net/fr/dossiers/dossier.php?val=3871_art+cameroun, page consultée le 29 juillet 2012.

Auteur(s): Recensions

Soumis par Caroline Messa Wambé le

Bezness

- « A travers un film attachant, dur, « pasolinien », Nouri Bouzid jette un éclairage inédit sur les marges de la société tunisienne. Son grand mérite est d’avoir dressé un constat existentiel de l’intérieur, sans exotisme aucun ni faux-semblants. La Tunisie qui fut - relativement - le pays maghrébin le moins endoctriné a pu enfanter des personnalités tout à fait singulières comme Nouri Bouzid, un cinéaste dont on entendra encore parler. » La Revue du cinéma - Juillet 1992

- « Bezness. Mot étrange, sans vraiment d’origine, à mi-chemin entre deux langues. En le choisissant comme titre d’un film remarquable sur les gigolos de Sousse, ceux qui draguent et vivent du touriste, le Tunisien Nouri Bouzid dévoile son vrai sujet : la rencontre ratée de deux cultures sur fond de bronzette. Sous la plage, un pavé. » Politis - 11 juin 1992

- « On peut certes discuter des vertus artistiques et techniques de Bezness, on ne peut lui dénier son caractère inédit, pionnier, casseur de tabous. » Le Monde - 20 juin 1992

- «What happens when a poor Arab country with a high birth rate, an enormous youth population and endemic unemployment bases a significant part of its development strategy on attracting European tourism? In Nouri Bouzid’s film, Bezness, the Tunisian coastal town of Sousse is the site for just such an experiment, with disastrous consequences for the local population» Middle East Research and Information Project – MER192

- « Fred est français. Photo après photo, il brosse l’histoire d’un pays en pleine déliquescence. Éventré par le tourisme et la misère. Déréglé par le commerce du sexe. Au bord de l’explosion. Sa cible, ce sont les bezness : ceux qui gagnent leur vie en se prostituant auprès des étrangers. Trafic clandestin. Trafic pudique. Ici, on drague, on ne fait pas le tapin. Trafic quand même » Télérama - 1992

Auteur(s): Recensions

Soumis par Caroline Messa Wambé le

Dans l'ombre d'une autre

« Dans l'ombre d'une autre, de Francine Kemegni : Destin perfide ! »

« Dans l'ombre d'une autre met en scène, à la manière d'un conte populaire, l'image d'une société qui attribue tous les sorts négatifs à la femme et cache avec minutie les tares des mâles. Comme bien de ses consœurs féministes fascinées, Francine Kemegni, aborde aussi une thématique sensible. L'enfant et tout ce qui entoure sa naissance. Même si la réalisation manque quelque peu de fluidité dans l'enchaînement logique de son histoire, il demeure que l'on retient qu'en Afrique, la stérilité ne concerne pas que les femmes. Les hommes en sont aussi victimes. C'est pour cela qu'un enfant n'est pas toujours celui de son géniteur mais de la communauté toute entière. »

Extrait de l’article : « Dans l'ombre d'une autre, de Francine Kemegni : Destin perfide ! », par Martial Ébenezer NGUÉA, publié le 07/12/2009, sur Africiné.

Lien URL : http://www.africine.org/?menu=art&no=9036

Auteur(s): Recensions

Soumis par Caroline Messa Wambé le