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Entretien avec Serge Alain Noa

« La série est moins coûteuse que le long métrage»  

Scénariste et réalisateur de la série Harraga, brûleurs de frontières sortie en 2013 et diffusé pour la première fois sur Tv5 Afrique entre mai et juin 2014, il parle des deux prochaines saisons, de l’immigration clandestine et de la place de la série télévisée en Afrique.

Comment vous êtes-vous documenté pour écrire cette série?

A partir de 2005, j’ai entendu parler des personnes qu’on avait abattues à la frontière espagnole. Les Américains écrivent des films à partir de l’actualité mais pourquoi pas nous ? Il faut raconter des histoires de telle sorte que ceux qui les regardent aient une leçon à en tirer. Quand je suis arrivé en Europe et que j’ai vu comment les gens vivent là-bas, j’ai compris que c’est fou de penser que tu vas partir de ton pays où tu es oisif pour réussir en Europe où  la compétition est de haut niveau. Je m’amuse souvent à collecter tous les assauts d’immigrants et je me documente sur internet. J’ai dû aller sur place à Melilla au Maroc pour voir comment les choses se passent. Je n’ai pas parcouru le désert mais j’ai discuté avec des personnes qui font le front, ils vivent dans de petits campements et ils m’ont raconté leurs mésaventures.

Y avait-il des Camerounais parmi ces migrants ?

Il y a un Camerounais que j’ai même ramené, il a travaillé sur ce projet. Je l’ai rencontré à Marrakech. Après, je l’ai revu au Burina Faso, on l’avait rapatrié. Je lui ai présenté le projet Harraga qui l’a plu. Il est journaliste free-lance, actuellement, il travaille ici dans la promotion des artistes. Il ne voulait pas rentrer au pays et c’est ça le drame. A Tanger, j’ai vu des femmes qui font la mendicité, la prostitution, qui ont même déjà des enfants, qui sont bloquées au Maroc depuis 5 ans mais ne peuvent pas rentrer chez elles. Dans leurs familles, on pense qu’elles sont déjà en Europe. Le Maroc ne sait plus comment contenir ce flot d’immigrés. La lutte contre l’immigration clandestine est tellement financée que le pays est parfois obligé de faire des choses pas autorisées. Il arrive qu’on vous donne un pain, une sardine et une bouteille d’eau, puis on vous renvoie dans le désert en vous disant que le premier village est à 100m alors que c’est à 500m. Beaucoup ne survivent pas à cette traversée. Les gens ne meurent pas que dans l’eau mais aussi dans le désert. C’est une vérité de la honte de dire que le Maroc tue les gens.

Vous qui êtes allé sur place, comment expliquez-vous cette immigration ?

Au Cameroun, les mesures ont été prises à terme, comme l’émergence en 2035, et les retombées ne sont pas encore évidentes. Or, quelqu’un peut dire qu’il ne veut pas attendre 2035 mais y aller tout de suite. On ne peut pas radicalement changer une situation du jour au lendemain. Et puis, les jeunes eux-mêmes ne croient pas que les choses peuvent changer. Au moment où nous écrivions la série, la Conac (Commission nationale anti-corruption) était encore une jeune institution mais nous avons apprécié son efficacité. Nous n’avons pas bénéficié de son soutien mais maintenant, nous comptons lui présenter ce travail.

Comment évoluera cette série?

La série est prévue en trois saisons, pour une centaine d’épisodes. La première saison concerne les causes de l’immigration. Ce qui pousse les jeunes à partir c’est le mirage européen, les conditions de vie difficiles dans nos pays, parfois la corruption, etc. La deuxième saison que nous allons tourner en 2015 va porter sur le parcours du combattant. Face à l’impossibilité d’avoir les visas, les personnages décident de prendre la route. Ils traversent le Sahara pour rentrer au Maroc où il faudra passer peut-être par Melilla ou par le Détroit de Gibraltar à travers les pirogues. La troisième partie va montrer les conditions de vie en Europe. Une fois qu’on y est,  on se rend compte que c’est un mirage car on a fort à faire avec la clandestinité, on peut être rapatrié n’importe quand, même l’intégration est difficile dans cette Europe qui devient à la fin hostile. Ceux qui partent ne sont pas des indigents. Il y a des gens qui vendent leur boutique pour partir, en investissant des millions de francs. Les gens regardent ceux qui reviennent d’Europe et ont l’impression qu’il suffit d’y mettre le pied pour devenir multimillionnaire, sans se poser la question de savoir ce qu’ils y font comme activité. L’objectif de cette série est de décourager les jeunes à tenter l’immigration clandestine. Il y a beaucoup de personnes qui tentent l’aventure mais très peu réussissent à entrer en Europe, beaucoup perdent la vie.

Irez-vous au Maroc pour tourner la saison II?

C’est l’idéal en effet. La saison I nous a coûté pas moins de 50 millions de francs Cfa, et nous sommes endettés de près de 20 millions. Nous avons bénéficié du financement de l’Organisation internationale de la Francophonie, de banques et de particuliers. Il nous faudra au moins le double de ce budget pour la saison II car nous irons tourner au Maroc avec les acteurs principaux et les chefs de postes techniques. Une fois sur place, il faudra recruter sur place d’autres comédiens mais aussi des techniciens assistants. Et tourner à l’étranger coûte deux fois plus cher que tourner au Cameroun. Si on ne peut pas aller au Maroc, on va chercher un pays arabe où il y a le désert, qui nous sera le plus propice et le moins coûteux.  

Pourquoi, sur un sujet aussi crucial, avez-vous choisi de faire une série et pas un film ?

Un film est plus fort, c’est vrai, avec une histoire condensée et plus efficace. Mais il requiert plus de moyens et un personnel plus qualifié. La série est moins coûteuse que le long métrage, elle est moins exigeante côté technique. Le matériel est léger et tu tournes plus vite. La série est aussi avantageuse côté distribution. Combien d’Africains vont au cinéma ? Les gens ne regardent plus les longs métrages parce qu’il n’y a plus de salles de cinéma. Le film devient élitiste alors que, dans les familles et même au village, les gens regardent la télé, les séries, qui occupent dès lors une place de choix pour l’éducation de nos sociétés. Nous avons opté pour une série parce que nous voulons entrer dans tous les ménages.

Jusqu’ici, les séries locales n’occupent pas le prime time sur nombre de chaînes africaines au profit des telenovelas brésiliennes, comment expliquez-vous cela ?

Cette situation me gêne mais je comprends aussi que la télévision cherche du public, l’audimat. Si une série camerounaise est percutante, la chaîne de télé va la programmer en prime time. Un diffuseur ne peut pas laisser une série faite selon les normes internationales, qui va lui apporter des annonceurs importants, pour prendre des sketchs filmés. Si nous mettons l’accent sur la qualité, les séries camerounaises vont occuper au moins 60% des programmes sur nos chaînes. Donc, le problème se trouve au niveau de la qualité des séries. Les séries brésiliennes que nous regardons en Afrique ne sont pas toujours adaptées à notre contexte, elles nous imposent des choses d’autres cultures. Aujourd’hui, nous savons comment les Brésiliens vivent chez eux grâces aux telenovelas mais est-ce que les Brésiliens savent comment nous, nous vivons ? Pas du tout. Ils nous présentent une culture qui ne nous est pas utile, qui ne nous fait pas évoluer. Or, avec une série africaine, on se regarde dans un miroir, on voit nos propres images et on défend notre propre image, même auprès des autres. C’est le combat que la série doit mener, elle occupe une place de choix que l’on doit défendre bec et ongle.

Depuis le début du mois de mai que la série est diffusée pour la première fois, quels retours avez-vous eu ?

Comme c’est la première diffusion, tout le monde n’est pas au courant. Après, il y aura la bouche à oreille. La série va passer ici au Cameroun, nous avons des contacts suffisamment poussés avec la Crtv et Canal 2. Côte Ouest la distribue partout sauf au Cameroun, c’est une affaire de patriotisme.

Pourquoi avoir céder la distribution internationale à Côte Ouest ?

Parce qu’il fait un travail professionnel, il a déjà des contacts, un carnet d’adresses. Il va doubler la série en anglais, en espagnol, en portugais et peut-être en d’autres langues. Côte Ouest distribue dans 150 chaines de télévision dans le monde, mais nous ne pouvons pas le faire.

Cela veut dire que la série marche bien alors ?

Elle va bien marcher. Si nous avons 50 chaînes, si Canal Afrique qui l’a aussi sollicité la diffusent, c’est un record. Nous allons organiser la sortie officielle de Harraga, brûleurs de frontières en août 2014 dans quelques chefs-lieux de régions en présence des acteurs que les gens auront appris à aimer.

La série est dédiée à Charles Nyatté, comédien décédé en novembre 2011…

Charles est mort à la première semaine de tournage alors qu’il se préparait à entrer en scène, il lisait encore son scénario et sa disparition nous a fait arrêter le tournage pendant un moment. Pour lui rendre hommage, j’ai cherché une séquence du film Le don involontaire où des comédiens qui sont dans Harraga ont évolué avec Charles. J’ai adapté le scénario pour que ce ne soit pas en déphasage avec toute l’histoire. Je l’ai réécrit en faisant des jonctions, pour qu’on voie Charles vivant dans la série. C’était le meilleur hommage qu’on pouvait lui rendre. Celui qui n’a pas vu le film ne peut pas savoir que cette séquence vient de là.

Propos recueillis par Stéphanie Dongmo

Soumis par Caroline Messa Wambé le

Interview de Nadine OTSOBOGO

« Le public est timide à la thématique de l’environnement »

Déléguée générale du Festival du film de Masuku, nature et environnement, elle fait le bilan de la 2ème édition qui s’est déroulée du 13 au 17 août 2014 à Franceville au Gabon. L’unique prix de ce festival, le Prix du public, a été décerné au court-métrage Siggil de Rémi Mazet (20mn, 2010).    

Quel bilan faites-vous de cette 2ème édition du Festival du film de Masuku ?

Le bilan est assez positif car à la 1re édition, on n’avait pas eu autant de film ni autant d’engouement. Notre parrain de l’année dernière [Le ministre sénégalais de l’environnement, Ndlr] n'avait pas pu se déplacer. Cette année, nous avons eu une marraine qui était là, qui nous a impulsés. Elle a apprécié les films et l’initiative. Des bénévoles ont fait le déplacement depuis Libreville pour nous soutenir. Il y a des choses à améliorer évidemment, mais c’est positif, sincèrement, dans l’ensemble. Je dis un grand bravo à tout le comité d'organisation de ce festival.

Pourquoi avoir choisi Danny Sarazin, la directrice du Festival international du film animalier et sur l’environnement au Maroc, pour être la marraine de cette édition ?

Je voulais avoir une femme de la trempe de la Kenyane Wangari Muta Maathai qui puisse nous accompagner et marteler le discours de la protection de l’environnement. J’ai recherché dans Google et le nom de Danny Sarazin revenait sans cesse, son profil m’intéressait parce que ça fait 20ans qu’elle organise un festival sur la problématique de l’environnement au Maroc et dans le monde, donc elle a dû voir des choses. Je me suis dit que si cette femme nous transmettait un peu de ce qu’elle a vu tout au long de ces 20 années-là, ce serait tout bénef pour nous. Et j'ai envoyé un mail comme on envoie une bouteille à la mer, elle a répondu 3 mois plus tard, mon courrier était passé à la trappe. Et elle était juste parfaite et ça nous a boostés!

Certains invités, annoncés au départ, ne sont pas arrivés. Que s’est-t-il passé ?

On n’avait pas tenu compte de l’administration tout simplement. Certaines personnes n’ont pas eu le temps pour les visas, les délais étant justes. C’est le cas du tunisien Habib Ayeb qui s’est désisté tout en nous encourageant. A la première édition, il n’y avait pas d’invités internationaux. C’était donc la première fois que l’on était confronté à ça.

Vous avez consacré une carte blanche au réalisateur français Jean-Claude Cheyssial. Cinq documentaires qu’il a réalisés sur la spiritualité gabonaise ont été diffusés. Qu’est-ce qui vous a motivé à le choisir, lui ?

Jean-Claude Cheyssial, a réalisé beaucoup de films sur le Gabon. C’était important de donner une carte blanche à une personne qui connait le Gabon et qui revient donner tout ce qu’il a pu recevoir. Je me suis dit que ce serait parfait de donner à Jean-Claude Cheyssial l’opportunité de présenter ses films, de raconter son expérience d’anthropologue, de cinématographe. Cela pourrait être enrichissant pour nous, les Gabonais, et pour les festivaliers internationaux. Malheureusement, il n’a pas pu venir, j’espère qu’il pourra être là à une prochaine édition. Les festivaliers ont adoré ses films.

Contrairement à la première édition, cette année vous avez lancé un appel à films. Combien en avez-vous reçu?

On a reçu une trentaine de films, 18 ont été sélectionnés, en dehors de ceux de Jean-Claude Cheyssial. Tous les films retenus n’ont pas pu être projetés compte tenu des écrans imprévus dans la ville.

Un marché du film était prévu, des ateliers et conférences aussi. Pourquoi ont-ils été annulés ?

Il y a eu un atelier animé par François Onana, organisé en partenariat avec l’Institut gabonais de l’image et du son. On s’est rendu compte que c’était un peu tôt pour le marché du film, on l’avait annoncé pour les réalisateurs gabonais d’abord et ils se sont désistés au dernier moment, alors qu’ils avaient donné leur accord de principe.

Que comptez-vous faire justement pour conquérir la confiance des professionnels du cinéma gabonais qui semblent bouder ce festival ?

Bouder c'est un grand mot! Pour l'instant, je crois qu'ils ne s'y retrouvent pas. On se méfie en général de ce qui est nouveau, et nous n'avons pas à conquérir ces personnes. Le but de notre association est la culture pour tous. Et l'environnement, c'est l'affaire de tous.

Quelles ont été les difficultés de cette édition?

On a eu beaucoup moins de partenaires que l’année dernière. Certains se sont réveillés après l'événement, mieux vaut tard que jamais n'est-ce pas? Cette année aussi à Franceville, au mois d'août, il y a eu au moins trois projections organisées par d’autres structures, ce qui n’était pas du tout prévu pour nous. C’était assez compliqué à gérer. C’est bien qu’il puisse y avoir plusieurs festivals ou caravanes au Gabon mais ce qui est dommage c’est que, dans une ville comme Franceville, il y ait plusieurs écrans pendant la même période. Ces personnes ne nous ont pas associé à ces évènements-là.

Nous ne sommes pas en concurrence, le but pour nous est que le public puisse aimer le cinéma et qu’à la longue, on ouvre des salles de cinéma. Nous encourageons les gens à s’unir pour proposer le meilleur de la culture gabonaise et internationale puisqu’on a le même but, et non pas se disperser à mettre plusieurs festivals, plusieurs écrans dans le même pays, la même ville pendant la même période. Il faut qu’on puisse être cohérents.

Le public est resté timide, comment entendez-vous intéresser pour les prochaines éditions ?

Le public est plutôt  timide à la thématique de l'environnement, je pense. Mais vous avez remarqué quand nous avons projeté les films de Jean Claude Cheyssial, le public était assez intéressé, parce que c'est filmé au Gabon, certainement. Donc nous allons revoir notre programmation et avec les conseils de Danny Sarazin, notre marraine, nous allons multiplier les initiatives sur l'environnement tout au long de l'année.

Est-ce plus difficile d’organiser un festival spécialisé sur l’environnement qu’un festival généraliste?

Certainement. Déjà organiser un festival n'est pas une petite affaire, mais en plus, avoir une thématique, c'est pas facile. C’est la deuxième édition mais je suis entourée d'une bonne équipe. C’est très dur, j’apprends juste que les gens ont parfois la langue bien pendue, ils promettent beaucoup et à la fin, rien du tout. Ce festival, c’est comme une petite niche mais l’environnement, pour moi, c’est notre quotidien. C’est beaucoup plus sain de parler de ce quotidien, de ce qu’on vit tous les jours. Le Gabon, l’Afrique, le monde est un bel environnement que l'on doit protéger, et notre sensibilisation passe par l'image. On a l'impression que c'est restreint mais c'est vaste.

En deux ans, avez-vous le sentiment que ce festival a contribué à faire prendre conscience de la nécessité de protéger l’environnement ?

Cette année, nous avons été parasités par d’autres images alors que les films que nous montrons ne sont pas forcément grand public. Mais il ne faut pas prendre les gens pour des cons non plus, ça va prendre du temps mais je sais que petit à petit, les gens vont capter et comprendre. A un moment donné, ils vont se dire : on veut autre chose, un environnement sain, une ville propre, des forêts protégées. Je suis persuadée de ça.  

Que peut-on attendre déjà de la 3ème édition de ce festival l’année prochaine ?

Déjà, les réalisateurs qui n'ont pas pu se déplacer seront réinvités, les films qui n'ont pas pu être projetés seront reprogrammer. Ce festival est comme un bébé. L’année prochaine, il aura 3 ans, il pourra, on l'espère, se mettre debout et marcher.

Propos recueillis par Stéphanie Dongmo

Soumis par Caroline Messa Wambé le

Entretien avec Nadine Otsobogo

« Le public est timide à la thématique de l’environnement »

Déléguée générale du Festival du film de Masuku, elle fait le bilan de cette 2ème édition et annonce les couleurs de la prochaine.

Quel bilan faites-vous de cette 2ème édition du Festival du film de Masuku ?

Le bilan est assez positif car à la 1re édition, on n’avait pas eu autant de film ni autant d’engouement. Notre parrain de l’année dernière [Le ministre sénégalais de l’Environnement, Ndlr] n'avait pas pu se déplacer. Cette année, nous avons eu une marraine qui était là. Elle a apprécié les films et l’initiative. Des bénévoles ont fait le déplacement depuis Libreville pour nous soutenir. Il y a des choses à améliorer évidemment, mais c’est positif, sincèrement, dans l’ensemble. Je dis un grand bravo à tout le comité d'organisation de ce festival.

Certains invités, annoncés au départ, ne sont pas arrivés. Le marché du film annoncé a été annulé. Que s’est-t-il passé ?

On n’avait pas tenu compte de l’administration tout simplement. Certaines personnes n’ont pas eu le temps pour les visas, les délais étant justes. C’est le cas du tunisien Habib Ayeb qui s’est désisté tout en nous encourageant. A la première édition, il n’y avait pas d’invités internationaux. C’était donc la première fois qu’on était confronté à ça. Par ailleurs, on s’est rendu compte que c’était un peu tôt pour le marché du film, on l’avait annoncé pour les réalisateurs gabonais d’abord et ils se sont désistés au dernier moment, alors qu’ils avaient donné leur accord de principe.

Que comptez-vous faire justement pour conquérir la confiance des professionnels du cinéma gabonais qui semblent bouder ce festival ?

Bouder c'est un grand mot! Pour l'instant, je crois qu'ils ne s'y retrouvent pas. On se méfie en général de ce qui est nouveau, et nous n'avons pas à conquérir ces personnes. Le but de notre association est la culture pour tous. Et l'environnement, c'est l'affaire de tous. On a eu beaucoup moins de partenaires que l’année dernière. Cette année aussi à Franceville, au mois d'août, il y a eu au moins trois projections organisées par d’autres structures, ce qui n’était pas du tout prévu pour nous. Nous ne sommes pas en concurrence, nous encourageons les gens à s’unir pour proposer le meilleur de la culture gabonaise et internationale puisqu’on a le même but, et non pas se disperser à mettre plusieurs festivals, plusieurs écrans dans le même pays, la même ville pendant la même période. Il faut qu’on puisse être cohérents.

Le public est resté timide, comment entendez-vous l’intéresser pour les prochaines éditions ?
Le public est plutôt timide à la thématique de l'environnement, je pense. Mais vous avez remarqué quand nous avons projeté les films de Jean-Claude Cheyssial, le public était assez intéressé, certainement parce que c'est filmé au Gabon. Donc, nous allons revoir notre programmation et, avec les conseils de Danny Sarazin, notre marraine, multiplier les initiatives sur l'environnement tout au long de l'année.

Y a-t-il des difficiles particulières à l’organisation d’un festival à thème ?

Certainement. Déjà organiser un festival n'est pas une petite affaire, mais en plus, avoir une thématique, c'est pas facile. C’est très dur, j’apprends juste que les gens ont parfois la langue bien pendue, ils promettent beaucoup et à la fin, rien du tout. Ce festival, c’est comme une petite niche mais l’environnement qui est notre quotidien. C’est beaucoup plus sain de parler de ce quotidien. Le Gabon, l’Afrique, le monde est un bel environnement que l'on doit protéger, et notre sensibilisation passe par l'image. On a l'impression que c'est restreint mais c'est vaste.

En deux ans, avez-vous le sentiment que vous avez contribué à faire prendre conscience de la nécessité de protéger l’environnement ?

Ça va prendre du temps mais je sais que petit à petit, les gens vont capter et comprendre. A un moment donné, ils vont se dire : on veut autre chose, un environnement sain, une ville propre, des forêts protégées. Je suis persuadée de ça.

Que peut-on attendre déjà de ce festival l’année prochaine ?

Déjà, les réalisateurs qui n'ont pas pu se déplacer seront réinvités, les films qui n'ont pas pu être projetés seront reprogrammés. Ce festival est comme un bébé. L’année prochaine, il aura 3 ans, il pourra, on l'espère, se mettre debout et marcher.

Entretien réalisé par Stéphanie Dongmo.

Auteur(s): Stéphanie DONGMO

Soumis par Caroline Messa Wambé le