Jean Roke Patoudem : « Le succès de la série africaine pourrait la déstabiliser »
Président Directeur général de la société de production Patou Films International, il parle de l’évènement « La Nuit de la série africaine » qu’il a organisée à Yaoundé et Douala dans le cadre du festival Ecrans Noirs en juillet 2017, mais aussi du succès et des difficultés des séries tv africaines et du manque des moyens de promotion.
A l’occasion du festival Ecrans noirs 2017, vous avez organisé le 18 juillet à Yaoundé et le 21 juillet à Douala, deux éditions de La Nuit de la série africaine. Quel bilan pouvez-vous en faire ?
Jean-Pierre Bekolo : « Notre pays a peur de sa propre histoire »
Alors qu'il vient de sortir son dernier film, "Miraculous weapons" (104mn, novembre 2017), le cinéaste nous parle de sa série "Our Wishes", présenté au mois de juillet 2017 à Yaoundé. Une production bâtie autour du Traité germano-douala de 1884 qui a abouti à la colonisation du Cameroun. Il insiste sur l’intérêt que le cinéma a à s’approprier l’Histoire.
Qu’est-ce qui vous a motivé à réaliser une série sur l’histoire du traité germano-douala signé en 1884 ?
CEO of Spoof Animation, he talk about his studio that produced comics and the difficulties they have to face.
Spoof Animation was a dream that I had always had but decided to wait till now to begin because I needed to gather enough experience and training about the industry. So in November 2015, we got an office and started some skeletal work and started recruiting team members. It was not until January 15, 2016 that Spoof Media LTD was incorporated as a full legal business entity ready to provide services in the area of animation, comics and book illustrations.
Yes, animation is a game of numbers and we have realised that in Spoof. To make a full feature length animation film we will need at least 200 animators and crew members. We realised we don’t have that number of people yet and animation is very expensive to learn abroad. So we decided that if we actually want to see a full feature length film done by Nigerians we will need to train. We are giving this training out free because we are in a hurry to meet this 200 mark as we hope to commence full production on our own feature length film in 2018.
We have just been selected to pitch the Area daddy Animation series at DISCOP this year in South Africa. We are hoping to get some content distributors to take it up from us and spread it widely across Africa and the world. However we currently share the cartoon strips of the series on our social media platforms so our fans can get to know about the characters and get ready to see them on the screen.
What are the characteristics of Nigerian animated films, how are they different from those existing on the market?
We have all of the above with the exception of the solid financial investment and equipment. Once we have these two, I believe we are set to show the world what we’ve got as far as skills go. Those who have seen the potentials in this growing industry don’t have adequate investment strength while those with investment strengths either don’t have the awareness of what an investment opportunity it is or are just not convinced enough. With financial investment, the equipment problem can be dealt with.
Lagos Comic Con is designed to drive development in the animation, comics and gaming industry. It has been successfully doing that, especially this year’s event. The aim is to gather all the players in the industry under one roof where they exhibit their works, meet and network with fellow professionals, get noticed by the potential clients, partners and possibly investors. This year, Spoof Animation premiered its short action flick, Strikeguard, a 2D Animated film based on a comic book. The reviews and applause were overwhelming. After that show at the comic con, content creators with good stories to animate have been contacting us to help them animate their stories. This is one of the ways participants of the Lagos Comic Con benefit from it. So, the event has a massive developmental role to play in growing the industry.
Prepared by Stephanie Dongmo.
Un triptyque humain décevant
Le FIFAK 2010, pour sa cérémonie d'ouverture, a projeté un film venant de Côte-d'Ivoire, "Mariage à trois visages" réalisé par Pierre Laba, un Martiniquais de naissance et Ivoirien d'adoption.
Ce film est le 4ème dans la filmographie de Pierre Laba qui est initialement ingénieur du son et qui a fini par arriver à l'image pour devenir réalisateur. Dans ce film plein de bonnes intentions, Pierre Laba dit avoir voulu montrer un rapprochement culturel possible entre la France et l'Afrique. Il soutient aussi que ce rapprochement peut passer par le mariage de femmes africaine avec des hommes français.
"Mariage à trois visages" est l'histoire de Zass, un photographe "professionnel", comme il se décrit, qui rêve de partir en France et qui voit la réalisation de ce rêve possible quand un ami Steeve, un expatrié en vacances lui suggère d'arranger un mariage sur internet avec un homme blanc pour sa cousine. Comme nous l'avons dit plus haut, ce film est plein de bonnes intentions, il se veut un triptyque humain entre le Burkina Faso, la Côte-d'Ivoire et la France, il se veut aussi dénonciateur des mariages sur internet, de l'illettrisme et de l'exode vers la France et vers l'Europe et cela en utilisant l'humour.
Vu de notre point de vue, le résultat n'est pas à la hauteur de l'intention, et le film de creuser encore plus le fossé entre nord et sud par les clichés qui nous sont desservis et par l'infériorisation qui nous est renvoyée de l'Africain. Les personnages africains sont présentés comme des profiteurs et arnaqueurs ayant face à eux un homme blanc sans défaut, droit et sincère. L'héroïne Zogoda, une petite villageoise illettrée est, quant à elle, présentée comme presque débile, inintelligente, découvrant les signes extérieurs de la "modernité" et réagissant devant eux d'une manière qui l'infantilise. Il nous est donné d'entendre que Zogoda allait partir vers la civilisation en se mariant à un Français.
Ce qui a ajouté à la faiblesse du film, c'est le montage qui s'apparentait plus à un feuilleton télévisé qu'à un film proprement dit, sans oublier une lenteur au début du film qui nous a quelque peu lassés. Cela étant dit, nous pouvons nous situer dans le contexte africain, comme se défend Pierre Laba lui-même, et comprendre que le film fasse consciemment référence au feuilleton africain. Les artistes interprètes sont en effet bien connus du public ivoirien et burkinabè grâce à des feuilletons télévisés dans lesquels ils ont joué des rôles qui les ont rendus populaires et somme toute familiers pour les habitants de ces deux pays. Des rôles utilisant l'humour et le jeu comique fortement appréciés par le public local.
"Mariage à trois visages" (ou à trois visas) reste un film naïf et tendre porté avec passion par ses acteurs, ne visant pas l'universalisme mais bien ancré dans la tradition africaine et ciblant un public bien déterminé. Peut-être ne faudrait-il pas voir au-delà de cela…
30/09/2010
Article paru sur www.cinematunisien.com, le 12/7/2010
http://www.africine.org/index.php?menu=art&no=9732
Auteur(s): Ilhem ABDELKEFI
Soumis par Caroline Messa Wambé le
Expédition Grand Rift
Les frères La Tullaye : explorateurs de l'eau
24,08, 2011
Geoffroy et Loïc de La Tullaye sont deux explorateurs qui nous permettent, via leur blog www.lesfrereslatullaye.fr, de partir à la découverte des rivières, des fleuves et des océans de la planète mais aussi des populations qui vivent grâce à ces sources d'eau. De passage en France avant un nouveau départ vers la vallée du Grand Rift en Afrique, Geoffroy a bien voulu répondre aux questions de Youthink!...
YT! Quel âge aviez-vous respectivement lorsque vous avez entrepris votre premier « voyage-documentaire » sur le thème de l'eau ?
Geoffroy de La Tullaye : Lorsque d'un coup de fil à mon frère est née cette aventure, nous avions respectivement 25 et 29 ans. Loïc travaillait comme commercial en Belgique, j'étais en passe de devenir trader en salle de marché. L'idée de notre première expédition était simple : partir explorer le monde tout en portant un message responsable qui donne du sens à notre démarche. Cela nous permettrait à la fois de combler notre désir de rencontres et de découverte tout en essayant d'apporter des éléments de réponse aux questions cruciales auxquelles nos sociétés sont confrontées. Le thème de l'eau s'est imposé à nous car il était simple, d'actualité et universel !
YT! Votre démarche s'inscrivait-elle dans le cadre de vos études ou de vos professions ?
GLT : Peut-être pour Loïc car il est ingénieur agronome mais en ce qui me concerne j'étais plus sur les liquidités financières... mais les mécanismes de la finance ne sont pas contraires à l'eau ! En réalité, au tout début de notre projet, le thème de l'eau était surtout un prétexte, mais très rapidement, il en est devenu le moteur.
YT! Comment est née l'idée du projet et comment avez-vous réussi à la concrétiser ?
GLT : Voyager autrement était notre leitmotiv. Partir, oui, mais pas comme ça sur un coup de tête ! Il a d'abord fallu trouver un concept (la vidéo), définir un public cible et convaincre des entreprises de nous apporter un soutien financier pour réaliser notre projet.
Nous avons choisi d'adresser notre message en priorité aux étudiants pour qu'ils suivent notre périple et en parlent autour d'eux. Cette aventure allait nous permettre de canaliser leur attention et de la focaliser sur la question de l'environnement. Nous voulions leur faire découvrir la réalité de l'eau dans le monde. Une découverte que nous avons partagée avec eux...
Parallèlement, nous avons monté des partenariats avec des hôpitaux (Trousseau à Paris et Reine Fabiola à Bruxelles) qui accueillaient des enfants malades. Et nous sommes ainsi devenus les yeux et les jambes de substitution de beaucoup de ces jeunes qui suivaient nos voyages depuis leurs lits d'hôpital.
Quant aux entreprises que nous avons démarchées, beaucoup ne voyaient pas l'intérêt de soutenir cette expédition, il leur semblait plus utile de construire des puits pour résoudre le problème de l'eau... Mais si la solution est aussi simple, alors comment expliquer qu'une personne sur cinq dans le monde n'a toujours pas accès à l'eau potable ?
Nous avons fini par prouver que la sensibilisation avait un sens, surtout en Europe où l'on oublie facilement l'importance de l'eau puisque chez nous elle coule en abondance. De fil en aiguille des personnes nous ont suivis et des entreprises soutenus financièrement.
YT! De nombreux lecteurs de Youthink! sont passionnés par l'eau et l'environnement. Quel conseil donneriez-vous à ceux qui cherchent des solutions pour monter leur propre projet ?
GLT : D'écouter leur intuition tout en se mettant au service d'une cause qui les inspire, même si parfois elle les dépasse. C'est je pense la plus belle chose qui puisse arriver à chacun de nous, gagner honnêtement sa vie tout en relevant des défis communautaires. J'entends par là satisfaire ses envies individualistes, car elles sont là, ancrées en nous, tout en sachant écouter les besoins du monde qui nous entoure...
YT! Lors de vos voyages, vous avez rencontré des populations pour qui l'eau potable est une denrée excessivement rare et précieuse, alors qu'en France, votre pays d'origine, l'eau pour ainsi dire « coule à flots » et chaque usager gaspille... combien ? Plusieurs milliers de litres par an ? Que vous inspirent ces différentes perceptions de l'eau et de son importance dans nos vies ?
GLT : Oui c'est intéressant, nous vivons sur une même terre, faisons les même gestes, buvons chaque matin les mêmes molécules d'eau mais pour autant pas avec la même pureté, la même facilité d'accès, la même conscience de sa rareté. Il y a de véritables injustices mais en sommes-nous personnellement responsables ? Devons-nous rougir de l'héritage de l'eau courante ? Je crois que nous n'avons pas conscience de la fragilité de l'eau et du vivant d'où ce gaspillage. C'est pour cette raison qu'il faut informer, sensibiliser les gens pour qu'ils comprennent que cette tragédie tue près de 15 000 personnes par jour. Nous avons de mauvaises habitudes, tenaces, que nous devons apprendre à remettre en question.
YT! Est-ce que le fait de fermer le robinet au lieu de laisser couler l'eau (par exemple quand on prend une douche, qu'on fait la vaisselle ou qu'on se lave les dents) peut aider à sauver des vies ?
GLT : Bien évidemment, l'eau qui est économisée chez nous ne sera pas envoyée là où elle manque cruellement. Cependant, ces gestes simples révèlent que l'on a conscience de partager les ressources d'une seule et même planète, et que l'on n'oublie pas la chance que l'on a d'avoir accès à l'eau courante, si rare dans d'autres régions du monde...
En outre, avec la mondialisation et le transport facilité des ressources d'un pays à un autre, il est intéressant de se pencher sur les conséquences que nos comportements de consommation peuvent avoir sur une région qui se trouve de l'autre côté du globe. Il y a par exemple un lien évident entre la disparition de la mer d'Aral et l'augmentation de la production de coton en Ouzbékistan. Or ce coton n'est pas consommé sur place mais bien chez nous, dans nos magasins...
Nous avons un réel « pouvoir » en tant que consommateur et nous devons être attentifs pour savoir comment en user de façon responsable. C'est sans doute là que réside une grande partie de la solution ! Rien n'est échangé ni produit dans le monde sans l'intervention de l'eau. Ce n'est donc pas si virtuel que ça, c'est juste invisible à nos yeux de consommateur, pour ne pas dire insensible...
(De gauche à droite : Geoffroy et Loïc de la Tullaye.)
YT! Vous venez de commencer un nouveau voyage en Afrique, dans la vallée du Grand Rift. Pouvez-vous nous raconter ce qui a motivé ce projet et ce en quoi il consiste ?
GLT : Nous souhaitons apporter des éléments de réponse à la question suivante : y a-t-il assez d'eau pour nourrir les 9 milliards d'habitants qui peupleront la Terre d'ici 2050 ?
Cette question fait régulièrement la une des journaux occidentaux. Poussée médiatique qui s'explique par le fait que les populations des pays développés commencent aujourd'hui à se soucier d'une ressource dont on pensait qu'elle ne viendrait jamais à manquer. L'accroissement de la population doublée de cataclysmes environnementaux sans précédent les oblige à prendre conscience d'une réalité impitoyable : l'eau est inégalement répartie dans le temps et dans l'espace et le désert ne cesse de gagner du terrain sur toute la surface de la Terre.
En 1950, cette même question aurait sans doute eu une résonance différente. À cette époque moins de 30 % de la population mondiale vivait en ville contre près de 50 % aujourd'hui. Globalement, l'accès à l'eau potable était tout aussi problématique mais à l'échelle régionale, les pays des zones tempérées se sentaient à l'abri du manque d'eau.
En 2011, la donne a totalement changée, l'eau est désormais principalement un défi urbain. Quel que soit le milieu rencontré, le mode de vie s'est uniformisé : la population mondiale devient de plus en plus citadine. Comment savoir si la pénurie d'eau douce qui menace les êtres vivants (car le problème ne concerne pas uniquement les humains) est due à un réel épuisement des ressources en eau ou bien à l'émergence au niveau mondial d'un mode de vie standardisé et déconnecté du milieu de vie qui nous mène à une consommation excessive ?
C'est pour répondre à ces questions que Loïc et moi avons entrepris cette exploration au cœur du Grand Rift africain qui nous amènera jusqu'en Israël.
YT! Finalement, votre démarche s'inscrit autant dans la volonté de protéger l'environnement que dans l'étude des sociétés humaines.
GLT : Oui, c'est vrai, mais nous ne cherchons pas à faire l'apologie du bon sauvage ni de la croissance zéro, et nous ne cherchons pas non plus à réduire le continent africain à une zone d'étude anthropologique sur les peuples primitifs. En revanche nos expéditions proposent des clés de lecture sur l'évolution de nos modes de vie et l'extraordinaire capacité d'adaptation de l'être humain en fonction de l'abondance ou de la rareté de l'eau. Finalement, la question que l'on pose à travers nos expéditions pourrait être formulée de la façon suivante : « Combien de temps les civilisations modernes pourront-elles continuer de développer des modes de vies qui ignorent de plus en plus le cycle naturel de l'eau ?
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Auteur(s): Youthink !
Soumis par Caroline Messa Wambé le