Entretien avec Nadine Otsobogo

« Le public est timide à la thématique de l’environnement »

Déléguée générale du Festival du film de Masuku, elle fait le bilan de cette 2ème édition et annonce les couleurs de la prochaine.

Quel bilan faites-vous de cette 2ème édition du Festival du film de Masuku ?

Le bilan est assez positif car à la 1re édition, on n’avait pas eu autant de film ni autant d’engouement. Notre parrain de l’année dernière [Le ministre sénégalais de l’Environnement, Ndlr] n'avait pas pu se déplacer. Cette année, nous avons eu une marraine qui était là. Elle a apprécié les films et l’initiative. Des bénévoles ont fait le déplacement depuis Libreville pour nous soutenir. Il y a des choses à améliorer évidemment, mais c’est positif, sincèrement, dans l’ensemble. Je dis un grand bravo à tout le comité d'organisation de ce festival.

Certains invités, annoncés au départ, ne sont pas arrivés. Le marché du film annoncé a été annulé. Que s’est-t-il passé ?

On n’avait pas tenu compte de l’administration tout simplement. Certaines personnes n’ont pas eu le temps pour les visas, les délais étant justes. C’est le cas du tunisien Habib Ayeb qui s’est désisté tout en nous encourageant. A la première édition, il n’y avait pas d’invités internationaux. C’était donc la première fois qu’on était confronté à ça. Par ailleurs, on s’est rendu compte que c’était un peu tôt pour le marché du film, on l’avait annoncé pour les réalisateurs gabonais d’abord et ils se sont désistés au dernier moment, alors qu’ils avaient donné leur accord de principe.

Que comptez-vous faire justement pour conquérir la confiance des professionnels du cinéma gabonais qui semblent bouder ce festival ?

Bouder c'est un grand mot! Pour l'instant, je crois qu'ils ne s'y retrouvent pas. On se méfie en général de ce qui est nouveau, et nous n'avons pas à conquérir ces personnes. Le but de notre association est la culture pour tous. Et l'environnement, c'est l'affaire de tous. On a eu beaucoup moins de partenaires que l’année dernière. Cette année aussi à Franceville, au mois d'août, il y a eu au moins trois projections organisées par d’autres structures, ce qui n’était pas du tout prévu pour nous. Nous ne sommes pas en concurrence, nous encourageons les gens à s’unir pour proposer le meilleur de la culture gabonaise et internationale puisqu’on a le même but, et non pas se disperser à mettre plusieurs festivals, plusieurs écrans dans le même pays, la même ville pendant la même période. Il faut qu’on puisse être cohérents.

Le public est resté timide, comment entendez-vous l’intéresser pour les prochaines éditions ?
Le public est plutôt timide à la thématique de l'environnement, je pense. Mais vous avez remarqué quand nous avons projeté les films de Jean-Claude Cheyssial, le public était assez intéressé, certainement parce que c'est filmé au Gabon. Donc, nous allons revoir notre programmation et, avec les conseils de Danny Sarazin, notre marraine, multiplier les initiatives sur l'environnement tout au long de l'année.

Y a-t-il des difficiles particulières à l’organisation d’un festival à thème ?

Certainement. Déjà organiser un festival n'est pas une petite affaire, mais en plus, avoir une thématique, c'est pas facile. C’est très dur, j’apprends juste que les gens ont parfois la langue bien pendue, ils promettent beaucoup et à la fin, rien du tout. Ce festival, c’est comme une petite niche mais l’environnement qui est notre quotidien. C’est beaucoup plus sain de parler de ce quotidien. Le Gabon, l’Afrique, le monde est un bel environnement que l'on doit protéger, et notre sensibilisation passe par l'image. On a l'impression que c'est restreint mais c'est vaste.

En deux ans, avez-vous le sentiment que vous avez contribué à faire prendre conscience de la nécessité de protéger l’environnement ?

Ça va prendre du temps mais je sais que petit à petit, les gens vont capter et comprendre. A un moment donné, ils vont se dire : on veut autre chose, un environnement sain, une ville propre, des forêts protégées. Je suis persuadée de ça.

Que peut-on attendre déjà de ce festival l’année prochaine ?

Déjà, les réalisateurs qui n'ont pas pu se déplacer seront réinvités, les films qui n'ont pas pu être projetés seront reprogrammés. Ce festival est comme un bébé. L’année prochaine, il aura 3 ans, il pourra, on l'espère, se mettre debout et marcher.

Entretien réalisé par Stéphanie Dongmo.

Auteur(s): Stéphanie DONGMO

Soumis par Caroline Messa Wambé le