Encore un film pour dénoncer les tares africaines

Le long métrage d'Apolline Traoré a été projeté le vendredi 14 juin 201, en ouverture de la 13e édition du festival Images et vie. C'est un film mélangeant noir & blanc et couleur. Il est léger, avec une fin sans surprise. Les thèmes abordés sont nombreux. Et la réalisatrice semble faire l'apologie de l'individualisme, avec une héroïne qui s'isole volontairement de sa communauté.

Un mannequin qui détonne Moi Zaphira ! commence sur un gros plan du visage de l'héroïne (incarnée par Mariam Ouédraogo) qui a les yeux fermés. Elle ouvre ses yeux et nous plonge dans son univers : le village de Kalassa. Zaphira est une veuve, avec une fille, et elle veut rester fidèle à la mémoire de son mari Lokré, infirmier mort dans un accident. Sa belle-famille veut qu'elle se marie avec le petit frère ; ce que ce dernier n'accepte pas. Il va offrir à Zaphira un cadeau emballé dans un papier glacé de magazine.
À la vue des mannequins de mode, Zaphira dit qu'elle veut que sa fille en soit une. Une fille qui, en fait, rêve de devenir infirmière comme son père, pour aider son village. Un rêve que sa mère va briser, malgré toute la ténacité de la petite fille qui va essayer de lutter. L'interprète de Katia, petite fille, est convaincante, à l'instar de la grande Katia incarnée par Salimata Traoré. Elle saura transmettre et faire sentir toute la rancœur qu'elle avait pour sa mère, qui a sacrifié ses rêves, pour une vie qu'au fond elle n'aime pas. La grande Katia semble s'isoler de tous, alors que ses collègues font la fête. Le film se referme sur ses yeux, laissant la mémoire se souvenir.

Le personnage de Zaphira, détonne au milieu des habitants de Kalassa. Comme un mannequin, elle semble être parachutée dans ce milieu qui n'est pas le sien. Aucune évolution dans son jeu, aucune émotion. Dix ans après, ses traits sont restés inchangés, alors que logiquement elle aurait dû subir les dégâts causés par les travaux dans les mines, les dures conditions de travail et de vie dans ce fin fond du Burkina Faso. Mais rien de tout ne cela, contrairement à son ami Suzy, la prostituée de Gouri, le village minier, qui, elle, a su faire évoluer son personnage. En tenue traditionnelle, elle est flétrie, en prenant un léger coup de vieux.

Sus à la pauvreté, à la dépendance et aux traditions éculées

Dix ans après, le temps semble n'avoir aucune prise sur les différents acteurs. Kalifa, le beau frère nous apparait comme au début du film, mais en couleur désormais. Si au début, seuls les magazines de mode avaient de la couleur, il n'en est pas de même à la fin où le village de Kalissa s'est développé grâce à la volonté des femmes. Les femmes sont à l'honneur dans ce film. Elles se battent pour leurs enfants, même si elles s'y prennent mal parfois, et font fi de leurs desiderata. Suzy se prostitue pour son fils, Zaphira remue ciel et terre pour faire de sa fille un mannequin, les autres femmes du village décident de cultiver pour pallier à l'absence de l'aide internationale, au grand dam du chef de village, le "Douguitigui". Ce dernier estime que les Blancs ont assez exploité les Africains, à eux de les nourrir maintenant. Des points de vue qui font rire.

La naïveté des personnages de Moi Zaphira ! étonne et inquiète. Même si la fin est plutôt optimiste, on ne peut s'empêcher, de se poser la question d'Axelle Kabou, "Et si l'Afrique refusait le développement ?" avec ses traditions, et croyances qui parfois inhibent et annihilent l'épanouissement personnel, pour la communauté qui préfère stagner.

Article paru dans le Bulletin spécial Festival de cinéma image et vie 2013, issu de l'atelier de formation à la critique, initié par l'Association Sénégalaise de la Critique Cinématographique (ASCC), Dakar.

09/07/2013

http://www.africine.org/index.php?menu=art&no=11650

Auteur(s): Oumy Régina SAMBOU

Soumis par Caroline Messa Wambé le

Mariage arrangé sur le web, c'est du cinéma !

Pour avoir un visa, une méthode est certifiée efficace. Il suffit de se connecter sur MSN et rencontrer un Européen à la recherche d'une épouse. "Mariage à trois visages" livre le mode d'emploi et dévoile les escrocs du net sur grand écran à Kélibia en Tunisie.

"On appelle ça un téléphone portable. C'est de la nouvelle technologie" dixit Zass à Sokoda. "Tech… quoi ?" réagit-elle. "Tech-no-lo-gie" réponds le photographe burkinabè à sa compatriote villageoise. Il s'agit d'un extrait d'une conversation entre les deux personnages principaux de "Mariage à trois visages", un film amateur du réalisateur martiniquais Pierre Laba.
"C'est un jeu de mots. Normalement, l'intitulé du film est mariage à trois visas" explique le réalisateur. Ce long-métrage de fiction a été présenté, samedi 10 juillet, en première mondiale à l'occasion de la soirée d'ouverture du Festival International du Film Amateur de Kélibia (FIFAK).

Film anti-cybercriminalité

Les événements du film se déroulent en grande partie dans un village reculé de la commune de Bobo-Dioulasso au Burkina Fasso. Il raconte l'histoire de Zass, photographe ambulant, voulant à tout prix partir en France. Son ami Streev, expatrié dans l'Hexagone lui donne l'idée d'usurper l'identité de sa cousine Sokoda sur le net, pour pouvoir obtenir un visa. Leur plan consiste à trouver un mari français à la jeune fille. Et c'est fait. Le français est trouvé. Et il a fait le voyage jusqu'au Burkina pour se marier. Mais Sokoda est une villageoise illettrée et en rupture totale avec le monde extérieur. Elle multiplie les maladresses et met en péril le succès du plan. Zass fait tout ce qu'il peut pour arriver à son objectif: obtenir son précieux visa.

"J'ai fait ce film pour dénoncer toutes les cybercriminalités" déclare le réalisateur Pierre Laba. Et il précise: "certains Ivoiriens arnaquent les gens sur internet et arrangent des mariages forcés et des mariages blancs via le net". Pierre Laba, également auteur du film, a usé d'humour pour atteindre son objectif dans cette comédie excessivement hilarante.

Entre séries-télé et images souillées

Lors d'une rencontre avec ce réalisateur tenu, dimanche 11 juillet toujours dans le cadre du FIFAK, certains journalistes, jeunes cinéastes amateurs et cinéphiles se sont insurgés contre le film. Leurs motifs ? Le réalisateur a filmé ce long-métrage à la manière des séries télévisées, et bien loin de la veine cinématographique. Mais il a aussi dressé une image très négative des Africains, des Burkinabès en l'occurrence. Naïfs, illettrés et surtout opportunistes, ainsi se présentent les villageois burkinabès dans "Mariage à trois visages". "Je ne fais que retracer ce que je vois. Et c'est tout" rétorque Pierre Laba. Concernant son approche filmique, le réalisateur ne cache pas qu'il a été inspiré par les feuilletons-télé humoristiques. Il s'est référé, en quelque sorte, à des séries-télé ivoiriennes et burkinabèes tel que "Ma famille" et "Boubou Diouf". D'ailleurs, c'est sur le petit écran qu'il a sélectionné les comédiens de "Mariage à trois visages".

Débrouillardise made in Africa

Le casting de ce film a réuni des acteurs de trois pays différents. Pierre Laba nous en parle : "Mon film est une réconciliation culturelle entre la Côte d'Ivoire, la France et le Burkina Faso". Le tournage du film a duré trois mois, de févier jusqu'en avril 2010. Selon le réalisateur, "Mariage à trois visages" a coûté 76 000 euros. Pourtant, il a rencontré des difficultés matérielles qu'il a contournées à sa manière. En fait, Pierre Laba a construit sa propre grue à caméra. "Le matériel coûte extrêmement cher. Et je n'ai pas les moyens de me procurer une grue. Alors, j'en ai fabriqué une" dixit le réalisateur. "C'est une grue qui fait en même temps la fonction des rails. Je l'ai faite manuellement avec de l'acier, des trépieds et autres. J'ai même utilisé des appareils de body building et des roulettes pour assurer la mobilité" raconte Pierre Laba.

"Mariage à trois visages" a été présenté durant la soirée d'ouverture du Festival International du Film Amateur de Kélibia (FIFAK). L'événement incontournable du cinéma amateur en Tunisie continue jusqu'au samedi 17 juillet. Projections de films des quatre continents, rencontres avec des cinéastes et débats ouverts au public sont au programme quotidiennement. La côte du Cap-Bon bercera le cinéma amateur mondial jusqu'à la fin de cette semaine.

FIFAK 2010, Kélibia, le 30/09/2010.

http://www.africine.org/index.php?menu=art&no=9731

Auteur(s): Thameur MEKKI

Soumis par Caroline Messa Wambé le

 

Une feuille dans le vent

Cinéma : Interroger le passé pour envisager le futur

Premier prix du documentaire au festival Ecrans noirs 2014, « Une feuille dans le vent » de Jean-Marie Teno présente la quête de vérité d’Ernestine Ouandié, mis en perspective avec l’histoire de l’indépendance du Cameroun.

 « Comment voulez-vous qu’une feuille détachée de sa tige puisse vivre ? Je suis comme une feuille, j’ai besoin de la branche pour vivre. Quand vous coupez la branche, la feuille se dessèchera, le vent la fera voler à gauche, à  droite, en haut, en bas et la feuille disparaîtra un jour ». Cette phrase d’Ernestine Ouandié résume bien toute son existence. En quelques mots, le personnage principal du film « Une feuille dans le vent » dit son mal-être et sa quête perpétuelle du père.

Née en 1961 au Nigéria, Ernestine est la fille d’Ernest Ouandié, le nationaliste camerounais qui prit la tête de l’Upc après l’assassinat de Ruben Um Nyobè en 1958 et de Félix Moumié en 1960. Dans ce documentaire de 55mn, elle se livre entièrement. Elle y raconte son enfance difficile et la découverte du pays de son père en 1987, après son enfance au Ghana. Elle dénonce surtout le voile de silence qui entoure l’histoire du Cameroun, qui, pour elle, se confond avec son histoire familiale.

Jusqu’ici, les circonstances de la reddition d’Ernest Ouandié, exécuté à Bafoussam en 1971, restent floues. Et aucune plaque commémorative ne fait honneur à ces martyrs, présentés à l’époque comme des maquisards. Ernestine veut la vérité, pour pouvoir à son tour la transmettre à ses enfants. Car pour se projeter dans le futur, il faut pouvoir regarder son passé. « C’est difficile de savoir qu’on doit mourir deux fois. La première fois, la vraie, est suffisamment difficile à accepter. La deuxième mort, qui est le silence, ne nous mènera nulle part. Quand l’histoire sera écrite, les âmes errantes trouveront enfin la paix », dit-elle.

Un matin d’octobre 2009, Ernestine Ouandié s’en est allé rejoindre ces âmes errantes. A ce moment-là, Jean-Marie Teno, qui l’a interviewé en 2004, pose un regard neuf sur ses confessions. « J’ai été tellement touché par son histoire, je ne savais pas quelle forme allait prendre ce film à ce moment-là. Dans cette interview, pendant un long moment, elle me parle de la métaphore de la feuille mais je ne comprenais pas. C’est quand elle est décédée que je me suis rendu compte que ça faisait sens. J’ai trouvé en elle une profondeur qui m’a fait penser que sa parole devra être portée», explique celui qui a écrit, réalisé et produit « Une feuille dans le vent ».

Kwame Nkrumah, le premier président du Ghana, disait déjà que « les conséquences socio-psychologiques de la colonisation sont bien plus importantes que les conséquences politiques car elles pénètrent en profondeur l’esprit des gens et sont plus longues à éradiquer ». Jusqu’à sa mort, Ernestine Ouandé a porté ce fardeau dans un pays où l’histoire de l’indépendance a toujours été éludée. Face à la caméra, cette femme belle, que l’on sent désespérément seule dans sa quête, réclame la justice de la vérité. Sa pensée est construite avec méthode. Sa voix et son regard sont chargés d’émotion. On la sent au bord des larmes, mais elle ne craque pas.

Pour mettre son histoire en perspective, Jean-Marie recourt aux images d’archives pour raconter la lutte pour l’indépendance. Il dresse ainsi un parallèle entre la vie d’Ernestine et celle du « Camarade Emile », son père. Les illustrations de Kemo Sambé permettent de combler les vides de l’histoire, de sortir le spectateur du visage d’Ernestine pour lui donner du répit. Le film tourné en anglais et sous-titré en français, est dédié aux enfants d’Ernestine : Boris, Ernesto et Helen.

Stéphanie Dongmo

Auteur(s): Stéphanie DONGMO

Soumis par Caroline Messa Wambé le

Documents sur la Chinafrique

ARTICLES EN LIGNE SUR LA CHINAFRIQUE

L'Actrice ivoirienne Emma Lohoues consacrée par le Golden Rooster de la meilleure actrice en Chine. Pour son rôle dans le film "Le Mec Ideal" de Owell BrownAfricultures, 20 octobre 2011 http://www.africultures.com/php/index.php?nav=murmure&no=8033&texte_recherche=chine# Prix de la Meilleure Actrice (Emma Lohoues) au 20e China Golden Rooster & Hundred Flowers Film Festival 2011 à Hefei en Chine

« Valéry N'Dongo fait son cinéma. »   Jeune Afrique, http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2532p089.xml0/

  1. Humour | Valéry N'Dongo fait son cinéma | Jeuneafrique.com - le ...

www.jeuneafrique.com

www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2532p089.xml0/

« Doudou et ses belles-mères : une lucarne chinoise au Sénégal. »  Jeune Afrique, 22/01/2014.  "…Dernière offensive chinoise en Afrique francophone : la conquête du petit écran. " http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2766p076.xml1/.

« Dominique Saatenang, Afro Shaolin. »  Jeune Afrique, 2/08/2012. http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2690p058-059.xml0/.

Amari, Chawki.  « Les 5 plus gros mensonges sur l’Afrique. » Slate Afrique, 15/08/2012. http://www.slateafrique.com/2787/top-5-mensonges-afrique

Baitie, Zahra.  «  On Being African in China. » The Atlantic 23/08/2013.

http://www.theatlantic.com/china/archive/2013/08/on-being-african-in-china/279136/

Bertoncello Brigitte et Sylvie Bredeloup. « De Hong Kong à Guangzhou, de nouveaux « comptoirs » africains s’organisent. » Perspectives chinoises 2007.1 (2007) : 98-110, mis en ligne le 01 janvier 2010, consulté le 11 octobre 2012. URL : http://perspectiveschinoises.revues.org/2053

Castillo, Roberto.  “Feeling at home in the “Chocolate City”: an exploration of placemaking practices and structures of belonging amongst Africans in Guangzhou.” Inter-Asia Cultural Studies, 15:2 (2014): 235-257. http://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/14649373.2014.911513#.U7umW43gxRH”

Cessou, Sabine.  « Lieve Joris brise les clichés entre l'Afrique et la Chine. » Slate Afrique, 31/10/2012. http://www.slateafrique.com/12895/lieve-joris-casse-les-cliches-entre-afrique-et-la-chine.

Cherruau, Pierre, Fanny Roux et Philippe Randrianarimanana.  « En Afrique, les États-Unis n’ont pas peur de la Chine. » Slate Afrique, 31/10/2012.  http://www.slateafrique.com/65955/les-etats-unis-nont-pas-peur-de-la-chine-diplomatie.

Daoud, Kamel.  « La Chinalgérie, ce pays que la corruption menace de tuer. »  Slate Afrique 05/12/2012. http://www.slateafrique.com/98129/la-chinalgerie-ce-pays-corrompu-algerie-chine.

Devey, Muriel, envoyée spéciale de Jeune Afrique.  «  Africatown à Canton. »  Jeune Afrique, 31/03/2008, http://www.jeuneafrique.com/Article/LIN30038africnotnac0/.

Dhombres, Dominique. « Les Entrepreneurs chinois en Afrique. » Le Monde, 07/01/2009. http://www.lemonde.fr/idees/article/2009/01/07/les-entrepreneurs-chinois-en-afrique-par-dominique-dhombres_1138835_3232.html.

Glez, Damien. « La Chine, laboratoire des faux médicaments en Afrique. » Slate Afrique 09/01/2013.  http://www.slateafrique.com/101307/sante-faux-medicaments-chine-afrique. (Médecine)

Glez, Damien.  « La Chine courtise l’éléphant Drogba. » Slate Afrique, 31/10/2012. http://www.slateafrique.com/82573/didier-drogba-chine-salaire. (Sport)

Grangereau, Philippe, envoyé spécial à Canton.  « Noirs désespoirs en Chine. » Libération monde 27/10/2013. http://www.liberation.fr/monde/2013/10/27/chinenoirs-desespoirs_942712.

Hart, Adrien.  « La Chinafrique en difficulté. »  Slate Afrique 31/10/2012.

http://www.slateafrique.com/96913/la-chinafrique-en-difficulte-economie-societe

Hart, Adrien. « Quand Pékin fait main basse sur l'Afrique. »  Slate Afrique 19/03/2012.

http://www.slateafrique.com/81661/pekin-union-africaine-zuma-jean-ping

Hart, Adrien.  « La Chine ne doit pas ignorer la famine. » Slate Afrique, 31/10/2012.

http://www.slateafrique.com/25479/aide-humanitaire-famine-la-chine-doit-en-faire-plus

Magrin, Géraud et Geert Van Vliet.  « L'impact bénéfique des investissements chinois en Afrique. »  Slate Afrique, 31/10/2012.

http://www.slateafrique.com/90831/enseignements-et-impacts-de-linvestissement-chinois-en-afrique

Marsaud, Olivia, envoyée spéciale à Pékin. « L’Afrique expliquée aux Chinois. »  Jeune Afrique, 14/09/2009. http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2540p023.xml0/.

Marsaud, Olivia. « Les tribulations d'un Gabonais en Chine. »  Jeune Afrique, 12/09/2005. "L'itinéraire étonnant de Luc Bendza, un enfant de Libreville devenu spécialiste en arts martiaux et star du grand écran au pays de Bruce Lee". http://www.jeuneafrique.com/Article/LIN11095lestrenihcn0/

Michel, Serge, Michel Beuret et Paolo Woods.  La Chinafrique.   Paris : Grasset, 2008, 352 p.

Clerc, Denis.  « La Chinafrique par Serge Michel, Michel Beuret et Paolo Woods (photos). » Alternatives Économiques 271 (juillet 2008) http://www.alternatives-economiques.fr/la-chinafrique-par-serge-michel--michel-beuret-et-paolo-woods--photos-_fr_art_735_38068.html.

Morais, Isabel. « “China Wahala”: the Tribulations of Nigerian “Bushfallers” in a Chinese Territory” », Transtext(e)s Transcultures 跨文本跨文化 [En ligne], 5 | 2009, document 7, mis en ligne le 02 avril 2010, consulté le 21 novembre 2014. URL : http://transtexts.revues.org/281

Ndiaye, Alex.  « Et si la Chine aidait vraiment l’Afrique. » Slate Afrique, 31/10/2012. http://www.slateafrique.com/2567/economie-afrique-contenir-le-dragon-chinois

Schiller, Bill.  “Big Trouble in China’s Chocolate City.”  The Star.com Insight, 10/12/2014.

http://www.thestar.com/news/insight/2009/08/01/big_trouble_in_chinas_chocolate_city.html

Shinn, David H.  « China-Africa Relations :  The Big Picture.» International Policy Digest (6 décembre 2011).  http://www.internationalpolicydigest.org/2011/12/06/china-africa-relations-the-big-picture/

Souvannavong, Kèoprasith.  « Des cinéastes africains en Chine. » RFI, Les voix du monde, 01/02/2011. http://www.rfi.fr/afrique/20110201-cineastes-africains-chine/.

Suzis, Nicole.  « La Percée de l’Inde en Afrique menace-t-elle la Chine?»  Slate Afrique 31/10/2012. http://www.slateafrique.com/88679/percee-inde-en-afrique-une-menace-pour-la-chine

NUMÉROS SPÉCIAUX SUR LA CHINAFRIQUE

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Accès aux nouvelles technologies en Afrique et en Asie.  Netsuds, 4 (2009)

Africa and the Chinese WayInternational Institute for Asian Studies, 60 (été 2012).

Afrique : quand la Chine change la donneL’Économie politique, 38 (avril 2008).

Asie-Afrique.  Croisements, 3 (2013).

China Africa Weekly. (publié à Nairobi, Kenya).  Lancement le 14 décembre 2012 par le China Daily.

Chinafrique, avez-vous dit?  Outre-Terre.  Revue européenne de géopolitique, 30 (2011).

La Chine est-elle un accapareur de terres en Afrique.  Futuribles, 398 (2014).

La Chine, la nouvelle puissance mondiale ? Alternatives Économique, 99 (2013).

La Chine en Afrique.  Le Monde chinois, 8 (2006).

La Chine en Afrique : menace ou opportunité pour le développement? Alternatives Sud.  Centre Tricontinental.

Comment la Chine change le mondeAlternatives économiques, 22 (mars 2005).

Les Trajectoires de la Chine-AfriqueAfrique contemporaine, 228.4 (2008). 

Un Monde chinois en transition.  Monde chinois, 10 (2007).

SITES WEB SUR LA CHINAFRIQUE

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Africans in China.  Cultural Research about Africans in Guangzhou, and beyond

http://africansinchina.net/

Carnets du Centre Chine – « Chine-Afrique »

http://cecmc.hypotheses.org/category/projets-de-recherche/chine-afrique-projets-de-recherche

The ChinAfrica Project

http://www.chinaafricaproject.com/

China and Africa Research.  South African Institute of International Affairs

http://www.saiia.org.za/topics/china-africa

Chine-Afrique (EHESS)

http://www.pairault.fr/sinaf/

Études africaines en France. Groupement d’intérêt scientifique (GIS)

http://etudes-africaines.cnrs.fr/

Institut des mondes africains

http://imaf.cnrs.fr/spip.php?article141&lang=fr

International Institute for Asian Studies

http://www.iias.nl/

Official Blog of Amb. David Shinn (Dossier substantiel sur les relations chinafricaines)

http://davidshinn.blogspot.ca/p/about-ambassador-shinn.html

Réseau Asie & Pacifique. GIS Asie. 

http://www.reseau-asie.com/cgi-bin/prog/index.cgi?langue=fr

PHOTOGRAPHIES :  CHINAFRIQUE

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 Africans in China

Exposition photo.  Cultural Research about Africans in Guangzhou, and beyond. Photography”:

http://africansinchina.net/photos/

Bienvenue en Chinafrique

Réalisateurs : Serge Michel & Paolo Woods.

Production :  France 5

http://www.france5.fr/portraits-d-un-nouveau-monde/#/theme/chine/bienvenue-en-chinafrique/

Langue :  français

Durée :  4min10sec

Photographies sur le thème Amitiés sauce aigre-douce. Les photos défilent verticalement, à droite de l’écran, à la fin de la vidéo Bienvenue en Chinafrique. Photographe: Paolo Woods. http://www.france5.fr/portraits-d-un-nouveau-monde/#/theme/chine/bienvenue-en-chinafrique/.

Intitulés des photos :

  • Les Africains ont le sentiment d’être traités d'égal à égal. Mais la soi-disant fraternité est plus complexe que le discours officiel.
  • Les Africains ne comprennent pas que les Chinois travaillent jour et nuit.
  • Soit les Chinois sont complètement cinglés, disent-ils, soit ils utilisent le travail de nuit pour cacher leurs secrets".
  • Côté chinois, les coutumes de la société africaine leur échappent.
  • Et ils trouvent que les Africains ne sont pas assez durs à la tâche.
  • Dans plusieurs pays, des scandales de corruption et de lois bafouées ont éclaté dans la presse.
  • En fait, les Chinois distribuent des enveloppes de billets quand ils le faut et rendent discrètement service aux dirigeants africains.
  • En Zambie, l’attitude des Chinois a fait naître un sentiment anti-chinois dans la population.
  • A chaque élection, l’opposition gagne du terrain. Son slogan ? "China, go home! "
  • En Angola, les Chinois devaient construire trois lignes de chemin de fer.
  • Mais les pots de vin exigés étaient si élevés qu’ils ont retardé les travaux de deux ans.
  • Pour les Chinois, ces crises sont autant de clignotants rouges. Après la phase de séduction, leur aventure africaine peut-elle achopper ?
  • L’histoire de la Chinafrique commence tout  juste de s’écrire.
  • Partout sur le continent noir, Chinois et Africains vantent leur amitié réciproque.
  • Les Chinois promettent de faire des affaires sans s’occuper de politique.

Photographies sur le thème Conquête. Les photos défilent verticalement, à droite de l’écran, à la fin de la vidéo Bienvenue en Chinafrique. Photographe: Paolo Woods. http://www.france5.fr/portraits-d-un-nouveau-monde/#/theme/chine/bienvenue-en-chinafrique/. Intitulés des photos :

  • Depuis dix ans, les Chinois se sont massivement implantés dans toute l'Afrique, de l'Algérie à la Zambie en passant par l'Angola.
  • Ils seraient aujourd’hui 500 000 à y vivre, à y travailler et à y chercher fortune.
  • Pour eux, l’Afrique est une terre de promesses et d’opportunités, un Far West à conquérir.
  • Ils achètent des usines, recherchent des matières premières, exploitent des champs pétroliers et réalisent de grands chantiers.
  • En dix ans, les échanges entre l’Afrique et la Chine sont passés de 5 à 110 milliards de dollars.
  • Les chantiers fonctionnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et sont livrés dans des délais records.
  • La Chine est devenue le deuxième partenaire de l’Afrique, devant la France et derrière les Etats-Unis. 
  • Les Chinois boostent des pans entiers de l'économie africaine, ils réussissent là où les Occidentaux ont souvent échoué.
  • Leur secret: tout importer de Chine, matériaux, équipements, ingénieurs et main d’œuvre bon marché.
  • Les ouvriers sont recrutés pour des contrats de 3 ans, sans famille et souvent sans vacances.
  • Payés 500 dollars par mois, ils dorment dans des camps, vivent à la Chinoise et se dévouent à leur travail.
  • Les Chinois se présentent aux Africains comme le "grand frère" qui va les aider à sortir de la pauvreté.
  • Ils promettent la non-ingérance en politique. Surtout pas de leçon de démocratie ni de bonne gouvernance.
  • Les Africains apprécient: enfin ils ont une alternative au tête-à-tête avec leurs anciennes puissances coloniales !
  • En Afrique, les Chinois sont de plus en plus chez eux. N’en déplaise aux Occidentaux !

http://africansinchina.files.wordpress.com/2014/08/8028620451_3344455f03_z.jpg?w=1000&h=&crop=1

Culture: exposition d'œuvre d'art chinois au plateau à Abidjan

Reportage :  Laetitia Mangle et Gilles Thonnyen

Montage :  Alain Danho

Production : RTI CHAINETV 

Date : 24 mai 2013

https://www.youtube.com/watch?v=Z15r2RE1-FU

Langue :  français

Durée : 1 min 37sec

Pays concernés :  Côte d’Ivoire et Chine

Le Rêve de la Chine

Exposition photo. Paris, France. Du 13 juin 2014 au 26 juillet 2014. Chine Informations. Référence à l’album photos prises par les reporters de l'agence de presse chinoise Xinhua, plus de 200 images ont été rassemblées. 

http://www.chine-informations.com/evenement/exposition-photo-le-reve-de-la-chine_564.html Disponible : Galerie Xinhua, 85 rue du Faubourg saint Honoré - 75008 Paris, France

Tacon, Dave.  « In Pictures :  ‘Chocolate City’, Aljazeera, 28 septembre 2014.

http://www.aljazeera.com/indepth/inpictures/2014/09/pictures-chocolate-city-2014911115258446208.html

University of Botswana. “China-Africa, Advancing Mutual Understanding through Multi-disciplinary Research.” Image. 2014. Web. 14 novembre 2014.

http://f-origin.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/698/files/2014/05/7.png.

Auteur(s): Suzanne CROSTA, Claude ZESSEU et Li Li

Soumis par Caroline Messa Wambé le

ESSAIS ET DOCUMENTAIRES DES AFRICAINES FRANCOPHONES

ESSAIS ET DOCUMENTAIRES DES AFRICAINES FRANCOPHONES

Par

Irène Assiba d’Almeida & Sonia Lee

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L’Harmattan,  Collection "Ecrire l'Afrique", Paris [ISBN: 978-2-343-05967-9]

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Quatrième de couverture

Il y a presque un demi- siècle, les Africaines entraient en littérature  afin de prendre publiquement la parole. Aujourd’hui, membres de l’intelligentsia et citoyennes à part entière de leur Continent elles se sont approprié l’essai et le documentaire dans le but d’éclairer sans complaisance les problèmes aussi bien que les valeurs de leurs sociétés. Par la parole et par l’image, elles se portent en témoins éclairés de l’Afrique des Indépendances.

Cet ouvrage novateur écrit à quatre mains, démontre de façon originale que le documentaire est une autre forme de l’essai. Arguant que le documentaire et l’essai appartiennent à une même dynamique artistique Irène Assiba d’Almeida et Sonia Lee font, dans Un autre regard sur l’Afrique: essais et documentaires des africaines francophones, une analyse probante des deux facettes d’un même genre. Elles démontrent que la démarche critique des essayistes et documentaristes s’articule autour du questionnement et de l’indignation, nouvelle forme de leur engagement. Elles nous font ainsi découvrir le dynamisme de la pensée des essayistes et l’acuité du regard des documentaristes africaines. Celles-ci fortes de leur talent, et de leurs expériences projettent une nouvelle vision de l’Afrique: celle des femmes.

Sonia Lee, professeure de français, de cinéma et de littérature africaine au Trinity College de Hartford dans le Connecticut aux Etats-Unis. Elle est maintenant Professeure Emérite. Auteure de nombreux articles sur la littérature africaine, elle a publié un ouvrage sur Camara Laye en 1983 (Twayne, Boston) et une anthologie Les romancières du continent noir en 1994 (Hatier, Paris).

Irène Assiba d’Almeida est professeure de littérature africaine et de français à l’Université d’Arizona  aux Etats-Unis. Auteure de nombreux articles sur la littérature des femmes africaines, elle a publié Francophone African Women Writers : Destroying the Emptiness of Silence (P.U Floride, 1994),  A Rain of Words : A Bilingual Anthology of Women’s Poetry in Francophone Africa, (Janis A. Mayes, traductrice, P.U.  Virginie 2009) et deux  collectifs.

Auteur(s): Sonia LEE, Irène ASSIBA D'ALMEIDA

Soumis par Caroline Messa Wambé le

Christian Etongo : Sur le chemin de l'art performance

Depuis quelques années, il se consacre essentiellement à cette pratique artistique encore peu connue et pratiquée mais dont il porte bravement l’étendard au Cameroun. Sa démarche artistique est le rituel mystique et sa signature, une poupée nommée Simba. A 43 ans et des rêves plein la tête, il retrousse ses manches et se débroussaille un chemin à l’international. Portrait.

Au quartier Messa-Si où il s’est établi il y a quelques semaines seulement, Raphaël Christian Etongo est monsieur tout le monde. Il passerait certainement inaperçu s’il ne portait cette énorme tignasse rastas. Ce matin de juillet 2015, il a choisi de les garder sous un bonnet au bleu passé. Loin de l’effervescence du centre-ville de Yaoundé à la veille de la visite présidentielle de François Hollande, Christian Etongo nous reçoit avec une grande simplicité dans sa maison. Dépouillée. Car il sait que rien, sur cette terre, ne lui appartient vraiment. Aussi a-t-il appris à vivre dans l’abondance comme dans le dénuement. 
 
Une philosophie que la vie lui a inculquée à la dure, au prix de mille épreuves. Embrassades de la maîtresse de maison, salutation des quatre enfants et on peut s’installer sur la véranda pour trois heures de conversations qu’on ne verra pas passer. Dans la fraîcheur du climat yaoundéen, le passé se mêle au présent et les mots essaient d’expliquer les ressentis, la bouche parlant de l’abondance du cœur.
 

Christian Etongo se définit avant tout comme un artiste performeur. Probablement le seul au Cameroun qui se consacre essentiellement à cette discipline pratiquée de manière sporadique par des plasticiens. Un risque de réduction des opportunités qu’il assume pleinement. Heureusement pour lui, « la mayonnaise prend », reconnait-il avec fierté. D’autant plus que la plasticienne nigériane Odun Orimolade a décidé de consacrer sa thèse de doctorat PhD à son travail. Et qu’il multiplie les voyages à l’étranger pour présenter ses créations : Suède, Allemagne, Afrique du Sud, Nigéria, Zimbabwe, Togo, Bénin, Côte d’Ivoire, Belgique, Niger, Pologne. Artiste pluridisciplinaire au départ, il a trouvé en la performance l’aboutissement de toutes ces disciplines qu’il a pratiqué sans grand éclat : danse, théâtre, peinture, installation, littérature, etc.

Etongo se produit aussi bien sur scène que dans la rue, au Cameroun et à l’étranger au gré de ses pérégrinations. « Il a beaucoup contribué à écrire les pages de l’art performance au Cameroun », affirme Serge Olivier Fokoua, le promoteur des Rencontres internationales des arts visuels de Yaoundé (Ravy), une biennale qui le révèle en 2010. Même si c’est à partir de 1998 qu’il se lance véritablement dans l’art performance. 17 ans de carrière aujourd’hui fait de haut et de bas, de chute et de relève, de passage à vide et de prise de conscience.
 
Comme un chat, Christian Etongo a eu plusieurs vies. Avant 1998, il est danseur et comédien. Il passe successivement dans les compagnies Massey move de Berthe Effala dès 1995 et Black Roots de Marcel Ngoua. Dans son travail, il essaie d’inventer des mises en scène qu’il pense originales et appelle ses créations « spectacle d’art plastique ». C’est ainsi qu’en 1997, il présente « La mort et le fou » à Yaoundé. La même année, il rencontre le plasticien Pascale Martine Tayou. Ayant vu son travail, ce dernier lui apprend qu’il fait de l’art performance et lui fournit une documentation qu’il lit minutieusement. A cet instant-là, Etongo comprend que c’est là sa voie et s’y lance à corps perdu. Désormais, il relègue les autres disciplines au second plan. Même s’il continue à pratiquer le théâtre et la danse, allant même jusqu’à porter le titre de directeur artistique de la compagnie de danse Mook, fondée par André Takou Saa.
 
Mais la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Etongo présente ses créations ici et là, les cachets sont minables, le futur flou et les charges familiales d’une femme et deux filles pèsent sur ses épaules. A partir de 2005, il traverse une période de doute et de questionnements qui va l’amener à se retirer complètement du milieu artistique. Il rentre donc «au quartier », ouvre une boutique sur les traces de son père commerçant, en même temps qu’il donne des cours de gymnastique.  
 

Il pense s’être éloigné de la culture mais elle revient toujours à lui. A ses moments perdus, il poursuit ses lectures sur l’art performance et se documente sur les rituels mystiques. Dans cet éloignement, il ne trouve pas satisfaction. Il perd son emploi de prof de gym, sa boutique fait faillite, sa compagne s’en va, ses enfants sont dispersés. Lui-même doit trouver refuge chez un ami, dans le ghetto de Ngoa-Ekelle à Yaoundé où il apprend à se reconstruire. D’abord faire enfin le deuil de sa mère qu’il a perdu en 2000, puis se réconcilier avec lui-même, reconstruire sa vie de famille autour d’une nouvelle compagne et enfin, retrouver l’essence de son être : l’art. Le bilan de sa vie n’est pas élogieux mais il a encore du courage pour se lancer dans la course. Et peut-être prouver à son père déçu que son seul garçon est un homme.

Des séquelles invisibles
Christian Etongo fouille alors dans ses tiroirs et en sort un texte théâtral. « Exil », devenu « Quartier Sud », porte sur l’immigration clandestine et se souvient de milliers d’Africains disparus sur les chemins tortueux de l’Europe. L’artiste s’inspire de l’environnement dans laquelle il vit, où il côtoie au quotidien des jeunes désœuvrés, la misère, le Sida, les délestages, etc. Il s’inspire aussi et surtout de sa propre expérience d’immigré clandestin rapatrié d’Espagne. En 1993, Etongo a 21 ans quand, avec une bande de cinq copains, il décide de tenter l’aventure. Portés par le vent de la feymania dont ils veulent faire métier en Europe, ils traversent le Nigéria, le Niger, l’Algérie et le Maroc.
La faim, la soif, la rage et la peur ont raison du groupe qui se divise. Mais Etongo sait que « le courage ce n’est pas d’avoir peur mais d’avancer quand il le faut ». Après des mois de galère, lui et deux autres finissent pas trouver de l’argent pour la traversée. A l’embarquement, ils sont interpellés par la garde civile espagnole et placés en maison d’arrêt pendant trois mois. Après quoi, ils sont rapatriés en 1994.
 
Dans « Quartier Sud » qu’il a présenté une quinzaine de fois, l’artiste relate donc une expérience dont il porte encore les séquelles invisibles. C’est par cette performance qu’il signe son come-back le 29 novembre 2009 au Centre culturel Françis Bebey fondé par Jean-Claude Awono et aujourd’hui fermé. Une date qu’il n’oubliera jamais, car elle est celle de sa seconde naissance artistique. Puis, Urban Village de Daniel Sty-White l’accueille et ensuite, c’est au tour des Rencontres d’arts visuels de Yaoundé (Ravy) de lui ouvrir les bras en avril 2010. Une nouvelle vie s’offre à lui et c’est à deux mains qu’Etongo la saisit.
 

A ce moment-là, son esthétique est plus aboutie et s’est débarrassée en grande partie du côté spectacle. Il essaie aussi de le codifier et se lance dans le rituel mystique. Il explore des rites béti : le tso, rite expiatoire et purificatoire que sa grand-mère le fait subir à 6 ans et l’essani, dance funéraire. Ce qui effraie parfois un public non averti qui crie alors à la sorcellerie. Surtout que depuis 2011, Etongo a adopté sur scène trois éléments rituels qui forment sa signature : une poupée baptisée Simba qui aurait pu être vaudou, un chasse-mouche par lequel il s’accorde le pouvoir de pratiquer devant témoins un rituel réservé aux initiés et une chasuble rouge, cette couleur renvoyant ici à la vie et non à la mort. « Je me suis rendu compte que j’ai besoin d’éléments rituels comme un prêtre. Ces éléments me permettent de me mettre en condition mentalement et spirituellement. Parfois ils n’interviennent pas directement dans la création mais sont là comme objets scénographiques », explique-t-il.

Introspection
Loin des études en métallurgie qu’il a suivi dans grand enthousiasme jusqu’à ce que la barrière du Cap se dresse sur sa route, son travail de performeur est exploratoire et ses créations s’enrichissent sans fin, d’où les déclinaisons en séries pour chaque création. Pour le plasticien Landry Mbassi, « Etongo est le plasticien qui semble avoir le plus assimilé la notion de l'art performance -si tant est que cette notion peut être circonscrite -. Son regard sur cette discipline est véritablement celui d'un pionnier. C’est un artiste qui, au fil du temps, se construit une identité (visuelle) particulière au travers d'un discours saillant et con textuellement bien étayé ».
Pour Serge Olivier Fokoua, le promoteur des Ravy, « il y a beaucoup d'introspection dans ce qu'il fait, mais aussi une violente satire sociétale. Il exécute des actions qui bousculent le conformisme dans des postures tantôt figées, tantôt cérémonials. Je crois que Christian trouve une joie et un immense plaisir à donner des coups de gueule quand la société deviens de plus en plus insupportable ».
 
L’artiste créé à partir de ce qu’il est, de ses joies et de ses frustrations, de ses peurs et de ses folies. Ainsi, Etongo puise dans son histoire pour créer, comme dans une psychanalyse qui le guérira de ses blessures intérieures et des maladies de son âme. Ainsi, « Requiem pour un fou », qui dénonce l’indifférence de l’homme face aux souffrances de son prochain, a été inspiré par son oncle prit de folie et décédé en 1993 dans l’indifférence. L’immigration, la colonisation et son héritage sont des sujets qu’il aborde, de même que la religion. Baptisé catholique, il ne s’interdit cependant pas de prier Jésus le matin et de convoquer ses ancêtres le soir dans un syncrétisme religieux assumé. « Pour moi, l’être humain doit vivre sur des codes, je veux réhabiliter les rituels mystiques car pour soigner le monde, il ne faut pas que des mots », soutient-il.
 
Il sait pourtant que ce n’est pas dans le rituel qu’il trouvera les réponses à ses doutes et questionnements existentiels. Même pas dans le bouddhisme qu’il pratique pendant trois ans avant de jeter l’éponge. Il décide alors de vivre sa vie sans plus se poser de question. Il prend conscience que l’artiste est un humain différent des autres, ce qui réussit à l’apaiser. Désormais, il ne souffre plus du regard curieux du prochain, il ne souffre plus de ne pas être compris par sa famille, il ne souffre plus d’une certaine indifférence de son père qui ne l’a jamais vu sur scène. N’empêche, la fêlure demeure, malgré les soins mis à la cacher.
 
Le sensationnel n’est pas loin
Etongo travaille avec le son, la lumière, la vidéo et s’adapte à son environnement pour utiliser les klaxons de voiture, les commentaires du public, etc. Son corps est son premier champ d’expression et il use et abuse de chaque centimètre de ses 1,76m. Parce que la performance est l’art, bien que controversé, de transcender ses limites physiques, morales et même spirituelles, Etongo ne se donne aucune borne. Mais se refuse à poser des actes extrêmes sans raison valable. 
 

Ainsi, sur scène, il égorge un poulet avec les dents, mange un foie cru de poulet, s’asperge de sang de porc, casse des bouteilles et marche sur des tessons à genoux… « Je travaille avec mon instinct, je fais les choses que je sens », affirme l’artiste. Il arrive ainsi que, grisé par l’ambiance du moment, il aille plus loin que prévu. Car la performance est essentiellement improvisation, même si le canevas de la création est réfléchi et bien définit. Ces extrêmes qui l’épuisent tiennent le public en haleine, entre étonnement, admiration et dégoût. La frontière devient tenue entre art et spectacle.

D’après Landry Mbassi, Etongo « se laisse souvent envahir par le sentiment du "too much". La limite à laquelle s'en tenir pour ne pas déborder et tomber dans le sensationnel. L'art performance se distingue du théâtre en ce sens qu'il ne s'agit pas de se constituer en comédien qui répète un rôle dans le but de produire un "message" qui parle au plus grand nombre. Un truc qui flatte les sens, où le public se retrouverait dans une imagerie populaire dont les codes lui sont familiers. En fin de compte, Christian Etongo est encore sur le chemin de l'affirmation d'une stature de performeur ayant trouvé sa voie. Son approche reste très narrative et du coup, manque de second degré. Ce qui n'enlève rien à sa démarche esthétique (artistique), emprunte de positivisme et d'ouverture ».

De la profondeur
Sourcils broussailleux au-dessus d’un regard vif, Etongo parle volontiers avec son corps, par de grands gestes. La passion se lit dans chacune de ses phrases, de même que son envie de faire mieux, d’aller beaucoup plus loin. De la véranda de sa maison, des bruits de plats et de cuillères se font entendre et une odeur de sauce tomate et de poisson frit se répand dans l’air. Une vendeuse de nourriture s’est installée dans un restaurant tourne-dos à quelques 5 mètres de là. Cela ne parvient pas à troubler la profondeur des échanges qu’accompagne la douce mélodie des oiseaux nichés sur un manguier qui porte ses derniers fruits de la saison. Etongo continue à se livrer. Sur son envie de laisser quelque chose à la postérité. Mais comment laisser le souvenir d’un art essentiellement éphémère ? Les articles de presse, les photos et les meilleures vidéos ne peuvent pas véritablement restituer une création. « Loin d’être un art éphémère, la performance est pour moi un souffle de vie, une façon de penser, de voir les choses, de réagir », écrit-il sur son site internet en mal d’actualité.
 

Dans son discours, Christian Etongo convoque souvent le nigérian Jelili Atiku. Il parle avec ferveur de la serbe Marina Abramovic et évoque avec un profond respect l’allemand Peter Beuys dont le travail a influencé sa création «What do you think about contemporary art ? » Ou comment ne pas prendre le public pour un con. Lorsqu’il s’allonge immobile sur le sol avec une bougie allumée jusqu’à ce qu’elle fonde entièrement sur ses lèvres, est-ce de l’art ? Le débat reste ouvert. « La performance, c’est le milieu artistique qui décide que c’est de l’art », soutient Etongo qui aime à dire qu’il n’est pas un artiste. Cette pratique artistique encore mal connue est controversée, ses contours restent flous et l’on a du mal à la catégoriser. La preuve, on la retrouve à l’affiche aussi bien des festivals dédiés aux arts visuels qu’à la danse et au théâtre.

Aller beaucoup plus loin
Etongo a pour sa part beaucoup contribué à la vulgariser au Cameroun. Déçu par le système universitaire et ses méthodes d’apprentissages plus théoriques que pratiques, il créé, début 2013, l’espace culturel Kulturotek où il organise trois workshop sur la performance, avec des restitutions dans la rue. Sont sortis de ces ateliers deux jeunes performeurs : Joël Kouemo et Snake Zobel, dont la dernière création a été présentée en juin au quartier Omnisports à Yaoundé. Mais Christian Etongo est souvent absent et l’espace ferme en août 2014. Cependant, l’artiste n’abandonne pas son rêve de formation. Il ambitionne de créer, sur un lopin de terre qu’il a acquis, un espace culturel qui servirait aussi de résidence de création. Un effet de mode chez les artistes camerounais.
Etongo a aussi réussi à faire de la performance une valeur marchande qui lui assure le gros de ses revenus. Qu’il complète par un travail de prof de gym, des mises en scène de pièces théâtrales ou des spectacles performatives à l’occasion de divers évènements privés qu’il n’inscrirait en aucun cas dans son CV. L’artiste estime aujourd’hui avoir atteint la première partie de ses objectifs, qui était d’être reconnu comme performeur. Reste la seconde qui est de rentrer dans des galeries et des institutions majeures internationales. Pour cela, il s’arme de courage et place l’art performance comme priorité   N°1 de sa vie. Il bénéficie pour cela de l’endurance acquise tout le long de sa longue traversée du désert.
 
Stéphanie Dongmo.