Le Collier du Makoko d'Henri-Joseph Kumba Bididi

Charles Mensah, qui vient subitement de nous fausser compagnie le 3 juin 2011, était producteur délégué du film. Effectivement, Le Collier du Makoko s'inscrit dans le projet d'un cinéma grand public sans abêtissement et produit au Sud, cher à feu le président de la Fepaci (Fédération panafricaine des cinéastes). Henri-Joseph Kumba Bididi avait déjà commis Les Couilles de l'éléphant qui mêlait humour et critique politico-sociale en un cocktail plutôt sympathique (cf. [critique n°2091]). C'est également le cas de son nouvel opus que l'on suit à plaisir.

Les scènes de la cour de la reine Téké évoquent une imagerie de carton pâte propre à la bande dessinée, impression renforcée par la stéréotypie de certains personnages comme le collectionneur d'antiquités africaines : tout le film se suit comme une BD au rythme allègre et enjoué. On est séduit par le jeune Thomas, héros positif et modèle de débrouille auquel s'identifiera volontiers tout adolescent comme ce fut le cas avec Bandian du Ballon d'or de Cheik Doukouré. Les effets spéciaux qui lui permettent de côtoyer le lion comme s'ils avaient grandi dans la même cage sont parfaitement réussis. Il a dans le film un vrai devenir initiatique, en parallèle aux évolutions du scientifique Octave (Eriq Ebouaney) qui veut réimplanter des lions au Gabon et de la journaliste Marie (Hélène de Fougerolles) qui lui colle à la peau, tous deux tissant un tissu de contradictions préservant leur complexité et qui en fait des personnages aussi agaçants qu'attachants.

Servi par des seconds rôles truculents comme le Vietnamien rencontré en brousse et par des situations burlesques qui fonctionnent, le film divertit comme un film d'aventures léger et bien ficelé mais accroche aussi lorsqu'on voit les pygmées manier l'électricité solaire ou reconnaître Octave pour l'avoir vu dans le journal. Il passe ainsi dans Le Collier du Makoko quelques idées simples sur le respect des humains qui donnent à ce spectacle familial une belle positivité.

Critique > cinéma/tv, 27|07|2011

http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=10340

Auteur(s): Olivier BARLET

Soumis par Caroline Messa Wambé le